Le cinéma espagnol va très mal depuis des décennies et les espoirs créés par l'apparition vigoureuse d'un cinéma de genre il y a déjà bien des années ont été déçus. Aujourd'hui, en Espagne, la mode est aux thrillers glauques : pourquoi pas ? Reste que la célébration unanime d'un truc aussi informe que ce "Tarde para la Ira" ne nous rassure pas. Avec son scénario bâclé dont l'indigence est un temps occultée artificiellement par des ellipses qui intriguent (les 8 ans de prison de Curro, la dissimulation de sa famille), et sa mise en scène qui choisit la rudesse pour tout procédé, et qui, du coup, lamine les personnages et leurs émotions, voici un tout petit film qui essaie d'exister en se proclamant "pas aimable". C'est un peu court, et le bluff de Raúl Arévalo est vite révélé lorsqu'il enchaîne des scènes de violence radicale et laisse ses personnages plantés au bord d'une route, tout simplement en rade de fiction comme de substance. Finalement, dans sa complaisance à montrer une certaine "médiocrité espagnole" - qui existe, là n'est pas la question - sans conférer aucune humanité à ses personnages ni aucune crédibilité au paysage social dans lequel ils évoluent, Arévalo ne fait que révéler la petitesse de ses propres ambitions et la médiocrité de son propre talent. [Critique écrite en 2017]