Des Yeux Pour pleurer

La colline a des Yeux 2 (Merci de préciser ce n'est donc pas un cyclope) est le seul film que Wes Craven va tout bonnement renier dans sa carrière. Il aurait pu le faire pour d'autres tout aussi médiocres (Cursed) mais c'est visiblement cette suite lui restera toujours en travers de la gorge. Le film bien que techniquement tourné avant Les Griffes de La nuit ne sera achevé et sorti qu'après celle de l'immense succès du film avec Robert Englund. C'est pour des besoins strictement financier que Wes Craven accepte de tourner cette suite huit ans après The Hill Have Eyes. Le film interrompu pour des raisons de budget sera achevé plus tard sans avoir assez d'images pour tenir la durée d'un long métrage ce qui explique les dix ou quinze minutes de flashbacks reprenant des scènes du premier film afin d'obtenir 85 minutes.

Dans cette suite on va suivre une bande de jeunes partis pour une compétition de motocross dans le désert. Comme cette bande d'abrutis à oublier le changement d'heure ils se retrouvent contraints de prendre un raccourci afin de rattraper le temps perdu et patatras ils tombent malencontreusement sur ce qui reste de cette bande de tarés cannibales du premier film.

Si Wes Craven le dit lui même je n'irais pas lui donner tort , La Colline A Des Yeux 2 est un film à oublier. Si l'on retire le remplissage opportuniste à coups de flashbacks et les deux génériques on doit poussivement arriver à 70 minutes de film. Si l'on retire encore du film les scènes stupides, les moments gênants et le remplissage du vide par le vide il doit rester cinq à dix minutes de film à sauver avec un sursaut d'indulgence. Seule la scène durant laquelle la jeune fille aveugle doit avancer en tâtonnant dans le repère des cinglés et qu'elle tombe sur ses camarades morts avec l'obligation de toucher leurs visages pour les reconnaître est relativement macabre et bien foutu. Pour le reste il y-a toujours la bonne tronche de Michael Berryman et les retours bien que très mal exploités de deux personnages du premier film avec Janus Blythe dans le rôle de Rubis et Robert Houston dans celui de Bobby. Après ça, la colline est une morne pleine et les yeux ne sont plus en face des trous.

Pour supporter le film il faut déjà pouvoir se coltiner une bande d'adolescents assez crétins dans leurs choix et leurs comportements au point que lorsque leurs potes disparaissent en poursuivant un cannibale à moto (c'est déjà un concept) ils les attendent come des idiots en préparant une blague avec un seau d'eau au dessus de la porte. Globalement assez joueurs nos héros bikers du désert font "Nananananère !" quand ils évitent un piège mortel et nous livrent quelques pensées profondes comme lorsque le chien grogne face à au désert et que le philosophe de service nous sort "Bizarre ce clebs, il grogne après les rochers, sa mère a du être attaquée par une bétonnière". C'est bien simple tout le monde semble tellement s'emmerder que même le chien dépité a un flashback nostalgique quand il repense au premier film qui sans être un chef d'œuvre avait quand même plus de prestance que ce mauvais téléfilm. Même les jumps scares à base de ratons laveurs et de copains qui font des blagues semblent avoir accusé eux aussi un décalage horaire avec limite des acteurs qui sursaute avant qu'on les surprennent. Au moins on sent bien à quel point Wes Craven n'était pas le moins du monde au minimum impliqué dans le projet dont il a pourtant torché le scénario. On pourras tout juste s'amuser de voir que une nouvelle fois Wes Craven doit être un grand fan de Bip Bip et Will le Coyotte vu le nombre de films dans lesquels il nous montre des personnages faire des pièges bizarres ( Le Sous Sol de la Peur - Les Griffes de la Nuit - La Dernière Maison sur la Gauche et bien d'autres...)

On va faire donc plaisir à ce regretté Wes Craven en oubliant La Colline à Des Yeux 2. De toutes façons le bougre ne masquera pas les évidence en dissimulant une seule preuve, Wes Craven a suffisamment d'autres mauvais long métrages dans sa filmographie pour ne pas faire totalement oublier son inconstance chronique de metteur en scène.