Wes Craven dénature complètement l'un de ses plus grands succès

Bien que le film ait été un franc succès, Wes Craven ne fera pas spécialement parler de lui après La colline a des yeux, ses autres films restant dans l’indifférence la plus totale. Il faudra attendre 1984 pour que le cinéaste connaisse une résurrection avec Les Griffes de la Nuit, dans lequel il donna naissance à l’un des serial killers les plus emblématiques du cinéma d’horreur : Freddy Krueger. Un succès international qui permettra à Craven d’obtenir l’appellation de « maître de l’horreur », ainsi que de se pencher sur une suite à La colline a des yeux, huit ans après le film originel. Un projet dont le cinéaste aurait peut-être s’abstenir de réaliser…

Et il y avait de quoi appréhender cette suite, déjà du point de vue scénaristique. Car si l’on reprend le premier film, que reste-t-il vraiment pour faire une séquelle ? Attention, spoilers si vous n’avez pas le long-métrage de 1977 : il est vrai que la famille survit mais les dégénérés qui les pourchassaient sont tous morts, et vu le nombre d’années qui séparent les deux films, on peut supposer que les environs ont été inspectés par l’armée pour voir s’il n’y avait plus de cannibales meurtriers dans les parages. À la limite reprendre les survivants, encore faut-il une bonne raison à ces derniers de retourner dans le désert. Mais bon, Wes Craven s’occupe de la réalisation et de l’écriture de son film, autant dire que le projet étant entre les mains d’un connaisseur. Peine perdue…

Le scénario est juste une énorme arnaque, que ce soit pour les fans du premier film ou bien les néophytes, La colline a des yeux 2 se révélant être d’une connerie hors norme, bien loin de l’opus précédent. Il suffit de voir les premières minutes du film, qui démarre sur l’un des survivants, montré d’une manière à nous faire croire qu’il s’agira du personnage principal. Mais non, il se retrouve rapidement écarté de la trame pour laisser le champ libre à sa sœur, qui est en réalité la fille entraperçue dans le premier long-métrage sauvant le bébé de la famille. Un « personnage lien » qui va donc partir avec nos nouveaux héros, des ados boutonneux (du moins à en croire les personnages, tant les acteurs paraissent bien vieux) partis pour une course de moto et dont le bus va tomber en panne au beau milieu du désert, tout près d’une mine désaffectée. Pour finalement se retrouver pourchassés par un nouveau cannibale aidé de son neveu, Pluton, qui a mystérieusement survécu au premier film (pour rappel, il se faisait dévorer par un chien). La présence de ce dernier s’expliquerait juste pour justifier le retour du comédien Michael Berryman, dont le physique si reconnaissable était resté dans les mémoires. Un script bien loin de la finesse du premier film, qui enchaîne ici répliques nullissimes et situations invraisemblables (une poursuite en moto façon freestyle). D’accord, le film ne se prend pas nullement au sérieux. Mais avec La colline a des yeux comme film originel, ce n’est pas une excuse valable !

Car ici, vous n’aurez rien qui puisse valoir le coup ! Déjà le début du film, qui prend exécrablement son temps en nous balançant à la figure quatre séquences du premier opus, chacune d’au moins 5 minutes, en guise de flashbacks (en somme, 20 minutes de perdues). Et tout ça pour quoi ? Des meurtres guignolesques et à peine gores qui n’ont nullement la cruauté du film précédent. En même temps, nous avons affaire à des personnages auxquels il est impossible d’éprouver le moindre attachement, tous étant des têtes à claques d’anthologie, comme cette aveugle qui énerve avec son sixième sens. Difficile donc de s’intéresser ne serait-ce qu’un minimum à ce monumental navet, qui n’a même pas eu l’audace de corrigé les défauts du premier film, à savoir proposer du suspense et angoisser le spectateur. Ici, tout est prévisible au possible et il n’y a rien qui puisse effrayer les âmes sensibles.

À peine le titre de « maître de l’horreur » en poche, voilà que Wes Craven fait honte à cette appellation, en nous livrant un long-métrage loupé. Aussi divertissant et mauvais qu’un banal Vendredi 13, nous étions tout de même en droit d’avoir autre chose qu’un slasher de bas étage que cette Colline a des yeux 2 oubliable. Heureusement pour le cinéaste, la consécration reviendra en 1994 avec le septième opus des Griffes de la Nuit (Freddy sort de la nuit) et surtout à partir de 1996, avec Scream. Une sortie de route qui, heureusement, n’est pas restée dans les mémoires !

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