Quand Tommy rencontre Shakespeare...
Simple et efficace, cette Comédie des erreurs est la première comédie connue de la main de Shakespeare, et si on est bien loin de la richesse d'un Songe d'une nuit d'été, ça se suit sans déplaisir d'un bout à l'autre.
L'histoire, abracadabrantesque en son genre (et parait-il empruntée à Plaute), voit se courir après, tout en ignorant l'existence de leurs doubles, deux couples de frères jumeaux portants le même nom et semblables en tous points : Antipholus et Dromio, respectivement maitre et valet.
Ainsi la femme de l'Antipholus Éphésien lance une série de quiproquos en cascade en envoyant chercher son mari à diner à son valet Dromio, qui invite par mégarde L'Antipholus de Syracuse. Le chassé croisé se poursuit sur l'heure trois-quarts que dure cette courte pièce énergique et amusante, dont la légèreté n'empêche pas une structure solide et sans temps morts (avec respect des trois unités qui plus est ! Rare chez Shakespeare !).
La mise en scène de James Cellan Jones, pour cette version télévisuelle, arrache un peu la rétine par ses choix de couleurs vives (notamment cette carte de la Grèce qui couvre le sol). Encore une fois, pas vraiment de notion de quatrième mur ici, on tente d'enrober la pièce d'une "simili-cinématographie", au risque d'émousser les effets pensés pour la scène, avec pour résultat une inévitable impression de téléfilm fauché sur les dix premières minutes. Cela dit, là où la pièce nécessite de redoubler d'ingéniosité pour confronter les acteurs à eux-mêmes (ou à d'autres grimés pour leur ressembler), le montage vidéo apporte ici des solutions simples et limpides.
Enfin, les acteurs sont bons, particulièrement Michael Kitchen en Antipholus, accompagné par un Roger "The Who" Daltrey qui, sans être exceptionnel, compense son amateurisme par un enthousiasme qui fait mouche.
Frais, farcesque, et toujours recommandable entre deux bonnes tragédies !