Ou l'histoire d'une femme que la nature a gâté et maudite à la fois.
Trop belle et trop naïve, elle vit dans l'espoir de rencontrer son prince charmant, celui qui la réconciliera avec ses chaussures.
Mais tous les hommes qui lui gravitent autour, à l'exception de celui joué par Bogart, n'en veulent qu'à sa beauté : les uns veulent la salir (le producteur), les autres la porter aux nues (le comte italien).
Dans les deux cas, le compte n'y est pas pour la comtesse. Car si elle épousera le comte, ce sera sur un malentendu ; elle le croyait attentionné et désireux de perpétuer sa noble famille avec elle, elle se trompait.
N'en voulant pas à sa vertu, c'est à son visage qu'il s'intéresse : il le veut peint à côté du sien pour trôner fièrement parmi ces ancêtres. Il sera le dernier de la lignée, mais le mieux accompagné.
Dur rappel à la réalité pour notre Cendrillon que la poussière recouvrera trop précocement.
Le film fut mal accueilli aux USA et marquera le début de la disgrâce de son réalisateur là bas.
C'est aussi son premier film en couleur, son premier film tourné hors Hollywood (Cinecittà...), son premier scénario original et le premier film de sa boîte de production (Figaro).
Gardner y est resplendissante (ce n'était pas "le plus belle animal du monde" pour rien) et touchante.
On appréciera également le choix de Bogart de Mankiewicz : il fait la gueule et termine avec la nana chez Curtiz, Huston, Walsh (chez tout le monde quoi) mais n'y touche pas et sourit à tout va chez lui.
Oscar pour Edmond O'Brien (qui joue le rôle... d'Oscar).