La banalité d'une réunion

Film simple dans sa forme, huis-clos pas spectaculaire pour un sou, et pourtant tellement fort ! La banalité d'une réunion d'état où se met en musique une décision du grand chef que l'on ne peut pas remettre en question, une de ces réunions désagréables où l'on va prendre des décisions pas très confortables mais où l'une des partie arrive avec un plan tout prêt et la promesse de vous décharger de tout souci. Une réunion entre hauts fonctionnaires qui se disputent plus sur des questions de préséance, de délimitation des compétences, au nom des intérêts de leurs administrations.

Puisqu'il s'agit d'une reconstitution à priori fidèle, on peut relever la préparation de cette réunion. La SS a parfaitement mis en place toutes les conditions pour qu'aucune autre décision que la sienne ne soit prise à l'issue de ces 90 minutes. Il n'y a pas besoin d'artifice de scénario pour mettre en place le déroulé inexorable, l'enchaînement qui conduit au but attendu. Isoler les participants, limiter le temps, débuter par les sujets "annexes" (comptabilité et logistique), concéder de petites victoires symboliques... Rien ne doit empêcher la cible d'être atteinte.

Mention particulière à l'acteur qui incarne Heydrich, si glaçant d'amabilité, toujours un petit sourire aux lèvres, menant la réunion sans dévier de sa ligne, sans perdre de temps mais sans agressivité.

De manière générale, chaque acteur est parfait, chacun incarnant une réaction, un ressenti face au plan.

La caractérisation des personnages est peut-être simpliste, mais c'est une bonne façon de ne pas noyer le spectateur s'il n'est pas déjà familier de ces figures, pour lui permettre de s'accrocher aux fonctions à défaut des noms.

Parmi les choix de réalisation, notons l'absence de musique. On ne s'en aperçoit pas durant le film, mais cela prend aux tripes d'un coup lorsque débute le générique.

A voir, absolument !