"Vous avez vu, c'est le premier film français sur un président toujours en exercice !" La promo du film s'est beaucoup vanté là-dessus, mais j'ai envie de dire "et alors ?" Ce n'est pas une fierté en soi, mais bon il faut bien savoir vendre un film sur quelque chose. La conquête c'est 1h40 de Nicolas Sarkozy, il était donc partout à l'époque, même au cinéma, mais bon il s'agissait avant tout de savoir quoi raconter. Et c'est là tout le souci de ce biopic, il ne sait jamais quelle voie assumer, d'un côté c'est plutôt une belle caricature de la classe politique mais de l'autre il y a clairement une volonté d'humaniser Sarkozy à travers son histoire avec Cécilia.
Je ne déplore en rien la retranscription des évènements, c'est très crédible dans le rendu et on sent un minutieux travail de recherche derrière mais le problème arrive au moment où on doit assembler tous ses résultats. Le montage et le déroulement des scènes est tout simplement affreux, c'est totalement dénué de profondeur et d'immersion. Ayant trop à raconter, La conquête fait la grosse erreur de n'effleurer que des moments-clés (les émeutes de 2005 par exemple, on passe 3 minutes là-dessus). Le film se répète beaucoup - les flash-forward du 6 mai 2007, les échanges avec Chirac et Villepin - même si à l'arrivée je ne me suis pas ennuyé une seconde. Disons que l'on suit tout cela sans vraiment broncher, et je pense que cela aide cette manière de dépoussiérer le langage entre les politiciens. Tout est loin d'être parfait quand même, certains dialogues sont intéressants pour leur portée tandis que d'autres sont d'un ridicule. Ce qu'il manque aussi c'est de la pression, entre Sarkozy et Villepin notamment, ok ils se lancent des piques à la gueule mais en tant que spectateur, on a rarement l'occasion de se sentir retourné, alors qu'il y avait moyen de ressentir un petit côté thriller politique. Mais bon, on ne peut pas tout avoir, le résultat final reste convenable.
Le point délicat reste les acteurs, chacun arrive à bien s'approprier le rôle donné mais on entre souvent dans un numéro caricatural, certes Denis Podalydès a la voix de Sarkozy mais pas la présence, j'ai rarement eu le sentiment d'être devant une de ses incarnations. Bref, nous sommes loin d'une grande performance d'acteur dans la peau d'une personne réelle, même s'il se débrouille. La conquête est plaisant à regarder, le film nous parle mais pas de manière pointilleuse, la forme laisse à désirer puisque certaines scènes ressembleraient presque à des sketchs mais le fond est un peu mieux.
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