Scandaleusement inédit en salles chez nous, bide total dans le monde, La conspiration ne méritait pas un tel châtiment, mais est-ce aussi à cause de son sujet, américain en soi ? Le film parle non pas de l'assassinat d'Abraham Lincoln par John Wilkes Booth, mais de l'après, du procès qui s'en suivit contre une femme (Robin Wright) accusée d'avoir fourni le coupable, décédé entretemps, de lui avoir fourni des armes pour commettre son forfait. James McAvoy joue Frederick Aiken, qui va devoir défendre celle qui est rejetée de tous.
Bien qu'ait rapidement quelques scènes de batailles de la guerre de Sécession, il s'agit avant tout d'un film de procès, je dirais même une parodie de procès, car il est évident que cette femme, Mary Surratt, devait tomber pour contenter ceux qui voulaient un coupable tangible dans l'affaire Lincoln. A travers cette histoire se passant dans le XIXe siècle, Robert Redford parle sans doute de situations similaires à notre époque, où des victimes présumées jouent le rôle de boucs émissaires, même si les preuves ne soient pas forcément là.
On sent bien que le budget n'a pas été énorme, misant surtout sur les scènes en intérieur, mais pourtant, La conspiration a une arme secrète en la personne de Newton Thomas Sigel, un excellent directeur de la photo qui donne au film cette image dorée et laiteuse, qui lui sied très bien. Et il y a aussi des acteurs au top, avec James McAvoy, Robin Wright, Kevin Kline, Evan Rachel Wood et Tom Wilkinson, tous crédibles dans leurs rôles. Quant à l'assassinat d'Abraham Lincoln, que l'on voit au début, il est montré selon la réalité historique, où John Wilkes Booth avait tout prévu avant et après son geste.
En soi, il n'est pas étonnant que Robert Redford, à la fois patriote américain et fervent adepte de la Vérité, se soit attaqué à ce sujet, car il y a tout pour lui plaire. Et pour le spectateur aussi, en regrettant encore une fois que le film soit passé à ce point inaperçu.