Le Caire nid d'espions
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Aujourd'hui, avec La Conspiration du Caire, elle est décrite comme gangrénée et sous influence intime avec le politique et les machinations.
Avec, au milieu de tout cela, un fils de pêcheur vivant sa formation d'imam comme une promotion sociale. Adam se trouvera vite pris au piège des jeux de pouvoir et dépassé, subissant les événements et les machination. Ecrasé aussi, sous la caméra de Tarik Saleh, par les gigantesques décors de l'université Al-Azhar.
Une caméra discrète, mais qui délivre sans y toucher des plans finement travaillés, d'une grande beauté à l'occasion, faisant ressortir tant l'histoire du lieu que son influence millénaire.
Le terrain de jeu ainsi composé, à travers les yeux de son héros manipulé, La Conspiration du Caire joue avec un malin plaisir sur ce que porte son titre, tout en renvoyant d'une certaine manière au fleuron du genre dans ce qu'il avait de meilleur au coeur des années soixante-dix. Soit une essence de thriller haletant et étouffant balançant entre le pouvoir de l'élite religieuse hypocrite, les courants dissidents tentant d'infiltrer l'université et la sécurité de l'état oeuvrant en coulisses sous le visage d'un Fares Fares aussi souverain qu'hirsute.
La Conspiration du Caire, c'est aussi un constant jeu de dupes où les masques tombent sans cesse, où les motivations sont troubles, où les enjeux sont forts, mais tout en conservant un aspect ludique charmeur et puissant.
D'autant plus que l'on s'attache beaucoup au jeune héros, un Adam en pleine odyssée initiatique, valsant entre les mains religieuses et policières dans un univers qu'il découvre pas à pas dans toute sa duplicité. Un Adam tout en retenue, sous influence, devenant un rouage goguenard de la machination avant d'en devenir l'agneau sacrificiel.
Dommage seulement qu'une sous-intrigue n'aille pas jusqu'au bout de son ambition, même si elle sert au final le vertige de la force préservée d'une religion le temps d'un plan saisissant où des milliers de fidèles se lèvent et envahissent l'image.
Car ici, comme souvent, tout pourrait se résumer par les seules apparences.
Et tant que celles-ci sont préservées...
Behind_the_Mask, Habemus Imam.
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le 27 oct. 2022
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