Jodorowsky : tellement indescriptible que même les films qui lui sont consacrés déroutent. La Constellation Jodorowsky avait commencé comme un très banal et paisible documentaire, qui évoquait le co-fondateur du mouvement Panique comme il aurait évoqué l’architecture romane ou la fabrication du saindoux. Le truc qu’on pourrait regarder en mangeant ou en faisant du repassage. Interventions émouvantes de Marcel Marceau, creuses – et sans sous-titrages – de Peter Gabriel, plutôt convenues d’Arrabal et intéressantes de Giraud / Moebius. Passages obligés sur l’arrivée du Chilien à Paris, sur sa formation de mime, sur les happenings paniques, sur les thèmes de ses films et des bandes dessinées pré-1994, sur le magnifique échec de Dune, sur la folie, sur le tarot… Et c’est là que ça devient (psycho-)magique.
Jodorowsky a raison : il n’est pas un gourou. Et heureusement : un charisme comme le sien entre les mains d’un homme mal intentionné, ça vous renvoie Aum, le mouvement raëlien et le Temple solaire aux oubliettes.
Dans la dernière séquence, particulièrement longue, le documentariste se retrouve dans son propre film. (Il y avait un signe avant-coureur quelques minutes plus tôt, quand Louis Mouchet lit des extraits de Jung à son sujet.) Sans en dévoiler trop, disons qu’il s’agit d’un extrait d’une conférence – en réalité moins une conférence qu’une séance de psychothérapie en public. Les propos de Jodorowsky, qui affirmait un peu plus tôt que son art devait aider les gens à aller mieux, prennent tout leur sens.