Wes Craven est un réalisateur inégal, capable du meilleur – La Colline a des yeux, Freddy, Scream – comme du pire – My Soul to take, Cursed. Il faut ranger La Créature du marais dans la deuxième catégorie.
Car en dépit de ses paysages de bayous visqueux et poisseux qui confèrent à l’ensemble un cadre diégétique original et repoussant, le long métrage empile les lieux communs, qu’il s’agisse du scénario mettant en scène la lutte manichéenne entre les gentils – un scientifique, une femme, un jeune noir – et les méchants – tous les autres, et en particulier les soldats ! – ; ou alors de l’absence de puissance mythique conférée à cette créature qui n’est jamais crédible, la faute à une représentation approximative et un costume ridicule ; ou alors des acteurs mal dirigés, notamment les seconds rôles.
La mise en scène trahit la rapidité d’exécution du projet : des plans courts, laids, montés à la truelle à grand renfort de transitions fantaisistes rappelant, au passage, que le film est tiré d’un comic book de même nom. Mais ce qui fait cruellement défaut ici, c’est une vision artistique. Une séquence de romance sur les bords d’un étang révèle le potentiel que réservait une telle histoire, potentiel qu’exploitera de façon plus convaincante et personnelle Guillermo Del Toro dans La Forme de l’eau trente-cinq ans après.
La Créature du marais est donc un film raté, sans âme ni poésie, sans ambition esthétique ni vision mythique du monstre adapté.