Coline Serreau est malheureusement aujourd'hui un peu plus connue pour ses échecs que pour ses réussites et malgré la bonne réputation de ce film, sorti en 1992, je n'étais pas vraiment confiant. Mais finalement, je dois bien avouer que je me range du côté de ceux qui ont aimé car c'est effectivement particulièrement bien écrit ! C'est en effet la qualité principale du film : son écriture. Que ce soit les situations ou les dialogues, Serreau prend un malin plaisir à jouer avec ses personnages et les en faire baver ! À commencer par le héros, Victor, dont la vie s'écroule un bon matin : sa femme est partie et il se fait licencier dans la foulée. Il essaye alors de raconter son problème à qui veut l'entendre mais tout le monde s'en fout. Pire, ils ont également leurs propres problèmes. Si bien que l'on croirait, pendant un bon moment, que le film est une sorte pamphlet dépressif que Serreau aurait écrit dans une période de down assez intense. Mais si le (ou les) personnage descend aussi bas, c'est bien sûr pour mieux remonter ! C'est en effet à travers son malheur qu'il va se remettre en question. Malheur qui fonctionne comme un parcours initiatique (il gravi d'ailleurs une montagne, difficile de faire une parabole plus évidente) qui fonctionne comme une énorme remise en question. Sortir du brouillard représenté par une routine aliénante qui nous empêche de voir réellement les choses et les personnes pour ce qu'elles sont. Alors oui, c'est certes un peu naïf et niais dit comme ça mais c'est traité d'une manière assez intelligente pour que le discours en soit plus subtil. Et puis, il faut également souligner le sens du rythme, particulièrement excellent ! À la fois dans l'intrigue mais également dans les dialogues qui fusent et que les acteurs débitent à merveille. Seul le personnage de Patrick Timsit est particulièrement agaçant mais indispensable dans l'histoire, fonctionnant comme une sorte de Jiminy Cricket. Si "La Crise" n'est donc pas une excellente comédie, elle en reste malgré tout très bonne, notamment de par son discours grinçant sur bien des points (et notamment politique et sur les rapports et rôles homme/femme d'ailleurs).