La Dame de Fer par jp_ontour
Le titre est trompeur, le film aurait du s'appeler "Margaret Thatcher" tant il prend le soin de traiter plus la femme que sa politique. La jeune femme marquée par la guerre, le redressement de son pays et la fougue paternelle dans son combat politique bataillera sans relâche pour sa vision de la société, quitte à vieillir seule et à décliner dans l'oubli.
Les instants de lucidité s'enchainent, la vieille femme se cogne dans son appartement-cage. On y vient de temps en temps pour une dernière représentation, personne n'est vraiment dupe. Comme si on allait voir un vieux chanteur aphone pour ressentir un peu de présence scénique et ignorer ses bafouillements et ses fausses notes.
L'interprétation de Meryl Streep est bien sur l'attrait principal du film. Au delà du maquillage, sa personne privée et sa dimension politique évoluent en même temps que sa représentation publique. La scène de coaching vocal est amusante, mais on est à mille lieux de la beauté et la gravité du Discours d'un roi.
Car au final, si l'état d'esprit est présent, les décisions prises et surtout les conséquences sont quasi absentes du film. On survole plus de la moitié des années 80 en 30 secondes, à peine le temps de comprendre que le Mur de Berlin a tombé qu'elle se fait débarquer.
Bien sur le film n'a pas de vocation documentaire ou historique. La figure de Thatcher est cependant beaucoup trop polarisante pour la traiter autant à la légère. C'est toute l'histoire récente d'une puissance majeure que l'on réduit à la simple expression de valeurs qui ont magiquement porté leurs fruits.
Le papillonnage entre présent et passés laisse une seule fois l'occasion de saisir la gravité de l'instant, pendant la guerre des Malouines. Même là, on est très très loin de la finesse de The Queen pour saisir un moment important d'une figure publique. Le biopic intégral n'était peut-être pas la meilleure façon de traiter cette figure historique. Meryl Streep aura mérité son Oscar, il ne faudra pas espérer trouver autre chose ici.