Un frère, une soeur, une relation fusionnelle depuis toujours, et l'incapacité à vivre de façon autonome.
Elle boit, rit fort, s'éclate avec ses copains de bar, changeant d'amant comme de chemise: elle, c'est Argine, la Dame de trèfle, un peu foldingue, sorte d'adolescente attardée qui ne travaille pas, écoutant des cassettes d'anglais pour meubler le temps.
Aurélien, lui, n'est pas un mauvais bougre : il s'occupe de fleurs, veille sur cette soeur fragile et survoltée, et revend du métal volé pour arrondir ses fins de mois.
Mais la belle machine se grippe : un de ses comparses, sur le point d'être pris, lui réclame sa part : Darroussin surprenant dans un rôle de vrai méchant.
Et c'est l'engrenage : le jeune homme tranquille et introverti se retrouve confronté à sa propre violence, aux forces obscures qui l'habitent, une manière inconsciente aussi de se libérer de l'emprise de cette soeur dont il est accro, y compris pour trouver le sommeil.
Un Malek Zidi habité par le rôle, tout en silences et en regards, dans un polar noir où la pénombre révèle la face cachée des êtres, le mensonge, la culpabilité.
Un film dur et prenant qui interpelle.