Pépite !
Découvert pendant le festival de Gerardmer 2024, « La Damnée » réalisé par Abel Danan, est un premier film fascinant et riche. Il s’agit sans aucun doute des débuts d’un grand metteur en scène.
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le 28 janv. 2024
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Yara, jeune étudiante marocaine, vient de s'installer dans un appartement parisien légèrement miteux. Elle se retrouve vite coincée chez elle, en plein Covid, une situation qui devrait l'enchanter puisqu'elle est agoraphobe au dernier degré et préfère ne pas quitter son domicile.
Il n'y a pas eu des masses de films sur le confinement, peut-être parce qu'on avait tous envie de vite mettre ça derrière nous, car beaucoup l'avaient mal vécu. Dans la plupart des œuvres de fiction sorties les années suivantes, l'évènement n'est quasiment jamais mentionné, et j'en venais à me demander si c'était un sujet tabou.
La Damnée est... plus ou moins un film sur le confinement ? C'est aussi un film sur l'agoraphobie, le déracinement, les superstitions marocaines, l'obscurantisme rural et ma psychose. On a mis tout ça dans un shaker, et secoué très fort en espérant que quelqu'un y inventera un sous-texte pertinent.
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En sortant de la séance, lors de l'édition 2024 du festival de Gerardmer, j'ai entendu autour de moi les louanges enthousiastes et apparemment unanimes de mes voisins de salle. Tous encensaient la mise en scène qu'ils qualifiaient de "propre" ou "efficace", ce qui ne me semble pas être terriblement flatteur, mais passons.
Et ils n'ont pas tort. J’avoue m’être installé dans la salle en me préparant psychologiquement à un film chiant et bancal, et je me suis retrouvé devant un huis clos compétent, quoiqu'un peu scolaire. D'un point de vue formel, le film fonctionne bien, et je souhaite à Abel Danan que ce projet - qui semble lui tenir sincèrement à cœur - lui ouvre des portes pour remettre le couvert avec quelque chose d'un peu plus excitant.
C'est l'un de ces films auxquels je ne trouve pas grand-chose à reprocher, car ils semblent exécuter correctement ce qu'ils voulaient mettre à l'écran, mais qui m'a vaguement glissé dessus, sans susciter beaucoup d'émotion ni imprimer quoique ce soit dans mon esprit dont je me souviendrai dans six mois.
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Lina El Arabi est convaincante, à l'inverse de tous les seconds rôles dont on n'entend heureusement que la voix, mais qui ont salement l'air de lire leur texte. La dégradation de son état mental conduisant à sa descente aux enfers est bien interprétée et mise en image, mais à quoi bon ?
Son délabrement est absolument linéaire, sans aucun rebondissement : ni rémission ou rechute. Elle commence le film dans un état de relative sanité, et suit une courbe parfaitement chiante et sans surprise en allant exactement là où on l’attendait à la fin.
Et par-dessus cette histoire d'isolement et de psychose, on essaye très fort de nous vendre une ambiguïté surnaturelle : est-elle folle, manipulée ? Est-ce qu'on lui a menti toute sa vie, ou est-elle en train péter un fusible dans son appartement ?
Sauf que d'une part, je n'ai pas ressenti assez d'empathie envers ce personnage pour me sentir concerné, et d'autre part, on ne nous donne jamais matière à douter qu'elle est simplement en train de yoyoter de la mansarde, et que tout se passe dans sa tête.
Un bel effort pour un premier film, desservi par un script qui manque de finesse et d'énergie.
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Créée
le 9 févr. 2024
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