Une valse à 4 temps
Techniquement magnifique, La Danseuse pêche clairement au niveau de l'écriture brouillonne et du traitement superficiel des personnages. Film d'époque, on est d'abord porté par l'histoire de Loie...
le 14 mai 2016
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Pour son tout premier film, Stephanie Di Gusto a choisi de raconter la vie d’une danseuse méconnue : Loïe Fuller, qui croisa la route d’Isadora Duncan. Plus qu’une danseuse-étoile, Loïe (Marie-Louise) était une créatrice de talent dont l’idée la sublima tout autant qu’elle la détruira par la suite. Pour raconter cette vie, la réalisatrice a choisi la performance visuelle en retranscrivant cette danse, ce déploiement de papillon dans les conditions réelles (soit sans effets spéciaux, comme à l’époque) de sa création. Les scènes de danse sont ainsi des moments magnifiques, magiques empreints d’une grande liberté. Stephanie Di Gusto filme ces moments dansés avec d’infinies variations, que ce soit dans l’évolution du morceau, mais aussi en choisissant de les montrer au milieu d’un décor naturel en faisant courir ses actrices dans la forêt. Les espaces sont grands alors même que la plupart des personnages semblent enfermés. Ainsi, Loïe ne parvient pas à s’épanouir dans le succès et ceux qui l’entourent, à l’exception d’Isadora Duncan qui la vampirise, souffrent du même mal. L’idée du film est venue à sa réalisatrice d’une photographie dans laquelle Loïe déploie ses tissus. Le mystère y règne. C’est ainsi que Stephanie Di Gusto a décidé de débuter son film : par l’image d’une Loïe mystérieuse et souffrante, engoncée dans un imbroglio de tissus. Cette scène sera revue (et comprise plus tard). C’est le regard de Gabrielle qui s’impose dans cette scène. La mentor et amie de Loïe est interprétée par une Mélanie Thierry qui y met autant de douceur que de fermeté.
Corps déchu
A côté de Mélanie Thierry dont le personnage s’efface au profit de la reine-danseuse, Soko trouve toute la place pour déployer son jeu, qui se nourrit aussi de ses talents d’artiste derrière ceux d’actrice. Résultat, l’actrice joue une Loïe à la fois sûre d’elle (c’est-à-dire de ses choix), mais aussi broyée par la vie, repliée sur elle-même. C’est d’ailleurs auprès de son double masculin, Louis (Gapard Ulliel), qu’elle tente en vain de s’épanouir. Elle s’accroche finalement plus à lui qu’elle ne se sauve par lui. Et ce n’est pas la lumineuse, mais aussi duale, Isadora Duncan (Lily Rose-Depp) qui aidera la jeune fleur Loïe à déployer « ses ailes de géant qui l’empêche de marcher ». La réalisatrice insiste sur le corps, sa déchirure et les stigmates que laisse la performance sur Loïe. Pourtant, elle ne cesse aussi de la sublimer, de l’écouter, de l’entourer. Si elle filme une chute, elle filme aussi et surtout une performance grandiose qui ne cesse de nous enchanter les yeux. Pour cela, Stephanie Di Gusto insiste sur la beauté de la lumière et du cadre, les plans étant dessinés comme autant de tableaux où s’inscrit la force du féminin que les hommes regardent, des Folies Bergères (où l’on retrouve François Damiens) à l’Opéra (où Louis-Do de Lencquesaing mène la danse). Un beau moment de vie et de cinéma.
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le 30 juin 2016
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