Chef d'oeuvre absolu de Jodorowsky
La réalité dervichéenne
Vivre ou se refuser à la vie ? La réponse ne trépigne pas à l’avance derrière ses barreaux d’incertitudes, au contraire, elle prends son envol à mesure que la pellicule envahie l’écran de nos yeux. Car quiconque ose croire à l’existence de l’écran de cinéma se trompe, c’est nous même qui devenons l’écran, la caméra, l’acteur, le décor, les sentiments, la violence, la grandiloquence, l’excès, la faiblesse humaine, le courage hors-normes, l’orgie rétinienne, la douceur, la rédemption, le chant, etc… Plus aucun doute, à peine le cul posé sur le fauteuil que nous nous retrouvons in-extremis hors frontière, nous n’existons plus ou mieux, nous sommes reconstitués plus vivants que jamais dans la réalité dansante du réalisateur. A chaque moment nous jouons à la roulette russe, l’image te dit inconsciemment : "Vis ou crève!". Bref, on ne regarde plus un film comme on en regarderait d’habitude, au contraire l’habitude s’en est allé se faire enculée une bonne fois. Ici, il ne s’agit plus de "voir", mais de VIVRE.
Alejandro JODOROWSKY, Homme universel, Cinéaste Galac-tripes, Tireur de Tarot, Tireur de Tarés amoureux, Poète radicale, Acteur, Costumier, Mime métaphysique, Magicien rétinien, Scénariste de BD, Ecrivain thérapeute, Psychomagicien, Dessinateur, Maître d’oeuvre d’orgies théâtrales, Dramaturge, Drama-trique sexuel de la cornée cinématographique, Conférencier mystique, Hallucinatoriste linguistique orale, Sérial fulgurateur, Co-fondateur du mouvement "PANIQUE", Grand Rectum de l’université de Foulosophie, Vivissecteur de l’âme humaine, etc… Où en est-on dans cette nébuleuse impossible ? C’est un éclatement furieux mais harmonieux, pas une chose qui ne soit contradictoire, étranger ou excessif. Ce que créer cet homme est de l’ordre de la révélation, peu importe de quelle manière il le forge, le résultat en est que l’épi-centre de son OEuvre reste le même, absolu!
LA DANZA DE LA REALIDAD
L’Oeuvre démarre sur un tambour tonitruant vomissant son rythme endiablé, le frisson m’envahit déjà et je sais qu’à l’avenir je ne verrais plus le cinéma de la même manière. Tout est là, l’intro annonce de manière quasi-incantatoire et poétique le rôle de l’argent si on lui prête des intentions magiques. Jodorowsky est lui-même présent comme un Dieu au-dessus de son nuage durant tout le film, tenant ses personnages comme des pantins, tirant sur le fil de ses propres fils (Brontis, Adan et Cristobal), tenant le fil de la vie du film, celui-ci se confondant, voir se fondant carrément dans le réel du spectateur. Nous ne sommes plus distanciés, mais profondément impliqués dans la scène.
Alejandro revisite son enfance, mais à contre-pieds de l’exercice autobiographique type, plongeant son enfant intérieur au coeur de Tocopilla (village Chilien d’où il est né) aux côtés d’un père machiavélique (Jaime) bardé d’un caractère purement Stalinien (joué par Brontis Jodorowsky), d’une mère omniprésente (Sara), voir "ovni-présente" (joué par Pamela Flores) tellement elle apparaît de plus en plus chamanique, magicienne de l’âme, transformée en chanteuse d’opéra, guérissant un à un les membres torturés de cette Sainte famille. Car Jodo réalise sa mère dans ce long métrage, ainsi que son père, rendant à lui-même et à ses fils une guérison complète.
L’histoire semble contenir d’autres histoires à la manière des poupées russes, mais en aucun cas il est question de s’y perdre, chaque éléments est d’une grande importance, le hasard n’existe plus, le destin est à chaque coins de rue, la cohérence est partout, l’harmonie maîtresse de l’ensemble du film.
On peut y déceler, ça et là, quelques longueurs, mais il en est de même comme dans tous les grands romans Dostoievskien par exemple, pas de grandeur sans un passage "à vide", il s’agit avant tout d’une "pause métaphysique". Rien n’est filmé pour plaire ni pour habiller le spectateur d’un plaisir quelconque, à contrario, c’est un plaisir d’un autre ordre. Pas de caméra subjective, c’est franc et direct, cru, aucune cuisson au préalable, l’os de la pellicule est sous nos yeux ébahis, les pleurs se mêlent aux rires, les rires à la colère, et la colère à la folie. Pas de temps au spectateur de s’échapper cinq min, aucune issue lui est proposé, il est pris à partie dans la partie, dans le jeu de l’arbre généalogique qui prends forme, d’une seule traite, forcé lui-même de suivre le combat féroce psychologique des héros.
"Jaime" (père d’Alejandro) est tantôt un Everest de colère ahurissant tantôt un pauvre diable abattu par le remord ou l’impuissance, mais immanquablement revient à la rédemption, la guérison de son âme, le rachat de ses fautes. C’est Brontis (fils du réalisateur) qui joue ce personnage, ce que j’ai pu voir sous mes yeux est ce que jamais de ma vie je n’ai pu observer de plus fort, aucun autre acteur que lui n’aurait pu jouer ce rôle. Nous somme même, à ce stade, bien au-delà d’un simple "rôle" mais d’une implication métaphysique réelle, appliquée, régénératrice pour l’esprit, son jeu frôle non pas la perfection car ce mot même ne saurait rendre grâce à un talent si foudroyant, au contraire, nous frôlons l’Absolu! D’autres de ses frères sont eux aussi impliqués dans le film en tant qu’acteurs, Adan (rôle d’un communiste acharné voulant tuer le dictateur Ibanez) et Cristobal (rôle de Théosophe, sorte de gourou ésoterico-universaliste).
L’enfant jouant le rôle du jeune Alejandro (Jeremias Herskovits) est tout aussi surprenant, étant la lueur même et la raison de ce film, je dirais même plus généralement, l’enfance. Le réalisateur donne aux souvenirs un caractère éveillés, non pas purement nostalgiques mais régénérants, transformés, dans un état de transes spirituelles. Le tout est teinté de cruautés, d’horreurs et de moments poétiques tout à fait plus apaisés, voir féeriques. Jamais on ne glisse vers l’excès facile, l’orgie est bien maîtrisée, la foule d’images dévorent petit à petit le cerveau du spectateur, lui forgeant dans l’âme les clés qu’il lui faut pour comprendre et guérir ses propres souffrances.
J’éviterai de décrire plus longuement ce film, inutile de vous parler de scènes précises, ou même de raconter l’histoire de bout en bout. Comme dans tout grand roman on ne demande pas à son auteur des comptes ni des explications. Posez-vous, dégraphez vos considérations humaines, laissez votre peau sur le fauteuil, et laissez flottez l’étendard de votre âme parmi les souffles victorieux du film, abandonnez vos nerfs et que la sensation du réel se love dans un autre réel, celui de l’imaginaire le plus pur ! Jamais film ne fut plus révélateur, le cinéma n’est plus seulement qu’un simple décor mais un lieu où le théâtre de la guérison prends son sens le plus entier. On ne ressort pas indemne, on en sort lavé. Au choix, soit vous ignorez bassement, soit vous vous élevez !
CONCLUSION & ODE AU CINEMA, COMBAT CONTRE L’INDUSTRIE
Il y à une bifurcation qui se prépare, et le cinéma s’apprête à revivre, tout dépends de vous ! Il est grand temps d’anéantir Goliath (Hollywood et son industrie), implacablement et sans aucune pitié, aucune ! Si vous croyez que le cinéma n’est qu’un divertissement c’est que déjà, l’obésité rétinienne qu’envahit le monde n’en finira plus de rendre encore plus idiot les idiots eux-même, leurs donnant un état proche de la servitude. Voir un film n’est pas sucer la glace de vos désirs ni même gaver les oies grasses de vos yeux bouffis de merdes publicitaires, mais tout autre chose. A moins que vous ne préféreriez continuer à éclore dans l’oeuf Américain des "Blockblusters" et ainsi perdre jour après jour le Salut de votre âme. Un film est aussi une OEuvre d’Art, pas un produit sous cellophane où les acteurs même vendent de manière subliminales (Subli-minable) des produits en tout genre.
Vous qui admirez tant les stars, posez-vous la question s’il existe d’autres acteurs, moins connus, voir pas du tout, aussi talentueux que vos putes à cravates (je respecte d’avantage les putes qu’une star américaine, c’est bien trop insultant pour les putes cela dit). Le succès n’est pas d’ordre économique mais d’ordre métaphysique, avoir du succès et gagner de l’argent un temps est une chose, mais avoir du succès dans sa propre victoire contre sa propre souffrance et ainsi s’en servir au service de l’humanité en est une autre. Le cinéma est envahi par la série télé et la série télé est l’ennemie suprême du cinéma ainsi que la pub, voilà ce qui a détruit le 7ème Art. Nous sommes à un tournant, soit vous choisissez de rejoindre la horde des professionnels de la fellation soumise à la bite industrielle américaine soit vous rejoignez "David" Jodorowsky contre Goliath, armée salvatrice et digne de ce nom, qui a pour dessein de redonner de la Noblesse à l’âme humaine.
AnthonyPERROT©
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