J'ouvre peut-être le ban des critiques, espérant qu'elles portent cette très belle comédie douce-amère d'Ivan Calberac, avec le plaisir de nous l'avoir présentée à Narbonne en plein été, déjà auteur de 3 pièces à succès et autant de films adaptés, sa spécialité.
Assurément un grand succès de la rentrée, à l'heure où on demande aux spectateurs de revenir dans les salles, avec bien trop de films français aussi mièvres que pauvres quand ils s'annonçent drôles.
Le couple CAMPAN / CARRE reconstitué 20 ans après "Se souvenir..." fonctionne aussi bien qu'au théâtre, rodé 300 fois et vus l'an dernier. Le décor typiquement provincial de Troyes et sa jolie boutique donnent une nouvelle vision de ce triomphe théâtral du même auteur. L'occasion d'y entrer de nouveaux personnages, les sans-abri d'Hortense ou sa maman, absents de la scène. Et de retrouver les mêmes à l'écran, impeccables de drôlerie avec quelques répliques inoubliables, touchants d'émotion comme on ne peut le distinguer de sa corbeille au théâtre. Mention speciale au jeune stagiaire, la touche banlieue en réhabilitation, naturellement drôle. Le travail des lumières, les plans sérrés sur les visages de ces deux âmes esseulées qui se cherchent, la bande originale (Ah, Sidney Bechet...), tout concourt à créer une tendre atmosphère et on se laisse porter par la solitude heureuse de ce caviste cabossé par un drame, et la candeur faussement naïve de cette quadra un peu dévote en mal d'enfant. Ou l'art de mettre en scène deux belles personnes qui se sont trouvées mais ne trouvent pas la clé de la bonne communication.
Et en toile de fond, le vin, personnage principal, dont on apprend au passage quelques éclairages oenologiques pour amateurs(trices) en mode formation pour mon prochain dîner.
C'est enfin un hommage aux petits centre-villes, aux commerçants de proximité, aux passionnés de leur métier, et aussi parfois à leur solitude personnelle.
Dans le souvenir des combos carton plein, thêatre + film, comme Le dîner de cons ou Le Prénom, souhaitons à LA DEGUSTATION une carrière aussi belle à l'automne et quelques millions d'entrées !