La dégustation de Yvan Calbérac se déguste comme un bon cru car il est un film pétillant comme du champagne selon un autre critique amateur de métaphores vinicoles qui dans ce film sont particulièrement de mise. J’ajouterai que le fait d’avoir mûri dans un fût de théâtre a tanisé et oxygéné le breuvage pour l’amener au plus près du nectar. Pour notre plus grand plaisir.
Isabelle Carré est une fois de plus lumineuse et attachante dans le rôle d’une femme que nous devinons proche de la quarantaine, sage-femme de métier et engagée dans une association caritative auprès de cabossés de la vie. Quand Hortense entre dans La cave à vin de Jacques/Bernard Campan pour y acheter une bonne bouteille qu’elle a promis à ses protégés, nous devinons que ces deux-là vont d’abord se flairer un peu puis s’apprivoiser mais que ce sera ni du vaudeville, ni de la farce car Le film de Calbérac annonce très vite ses intentions pour s’y tenir avec finesse et délicatesse de bout en bout.
Hortense voit le temps passer et l’idée d’être mère s’éloigner, elle décide donc d’avoir recours à une PMA (Procréation Médicalement Assistée) et doit se rendre pour cela dans une clinique spécialisée en Espagne. Jacques tout de discrétion bougonnante est lui-même célibataire après avoir perdu un fils dans un accident et vu son couple se défaire. Ni l’un, ni l’autre ne connaissent ces blessures intimes, pas plus que les spectateurs d’ailleurs. Nous découvrirons cela avec eux, au même moment qu’eux, ce qui nous place d’emblée dans une situation d’empathie avec l’un comme avec l’autre et c’est ce qui fait à mes yeux la force du film d’Yvan Calbérac.
Si un ami venait à me demander de quoi parle le film que je viens de voir je lui répondrai que c’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui font fortuitement connaissance, au bon moment de leurs existences, qui ont failli ne pas donner de suite mais qui heureusement pour eux comme pour nous ne se sont pas ratés. J’ajouterais que c’est également une mise en scène de cette chose fragile qui s’appelle empathie et est d’autant plus délicate qu’ elle se mêle d’un amour tendre naissant et qui ne demande qu’à éclore.