Le chevalier s'appelle Markus
La Délicatesse débute comme un film français classique qui traite du couple. Une rencontre quasi improbable, coup de foudre et amour-toujours. Cela nous renvoie, non sans appréhension, à la Guerre est déclarée ou Un heureux évènement.
Cependant, le film prend vite une tournure intéressante via ses ellipses qui mènent au drame, noyau du film.
Bien sûr, Ô bien sûr, la bande originale offre au film une plus-value non négligeable, Émilie Simon faisant cadeau de son dernier merveilleux album aux réalisateurs. Un cadeau rehaussant le propos du film avec brio. D’ailleurs est-ce un hasard si le mari de Nathalie se nomme François… ?
Audrey Tautou construit une prestation tout en os. Impossible de ne pas se demander si oui ou non elle est anorexique. Après, elle fait du Tautou, avec son air de ne pas jouer, tantôt géniale, tantôt complètement à côté de son personnage. Damiens renvoie quant à lui une jolie partition, même si lui aussi donne parfois l’impression de ne pas être à l’aise dans son pull-over.
Mais qu’importe car la mayonnaise prend rapidement, entre petites maladresses et vraies bonnes idées. La Délicatesse prend vite le chemin de l’intelligence et d’un certain réalisme, loin des films qui préfèrent l’humour à tout prix ou la voie du conte de fées.
Ce film m’a pour ma part énormément touchée, ouvrant la voie à un flot de larmes incontrôlable lors du générique de fin. Impossible de savoir si l’on s’émeut du passé de Nathalie, de son présent ou son avenir. La relation entre les deux protagonistes principaux est dépeinte avec beaucoup de pudeur, de sensibilité mais aussi de réalisme, ce que je trouve assez rare au cinéma. Souvent, les réalisateurs veulent trancher : fin heureuse ou tragique. La Délicatesse a l’ingénieuse idée de laisser le temps au temps et de nous conter un bout de vie, laissant à cette dernière le choix de la fin.