La Dernière Lettre de son amant par Christine Deschamps

A quoi m'attendais-je donc avec un titre pareil ? On m'avait vendu un Londres de carte postale et ça faisait un moment que je n'avais pas vu de film en VO. Deux mauvaises raisons de se taper cette bluette insipide et parfaitement dispensable, qui n'est pas si nulle qu'elle mérite d'être vouée aux gémonies, mais qui prend déjà le chemin de s'effacer de ma mémoire à la vitesse de l'éclair. Qui n'est pas la vitesse de déroulement de cette intrigue poussive, jouissant néanmoins de jolis plans et d'une belle lumière, surtout dans sa partie méditerranéenne. Bref, à coups de flashbacks, on s'embringue dans une romance qui se voudrait extraordinaire entre un journaliste visiblement désœuvré et une bourgeoise dévalorisée par son riche mari. Franchement, le type fait preuve d'une perspicacité remarquable en discernant la personne sous le maquillage et les couches de laque, parce que sa dulcinée ressemble à s'y méprendre à toutes les pimbêches de la haute, genre gravure de mode aux centres d'intérêt d'une superficialité ébouriffante. On tente de nous la faire passer pour une intellectuelle qui s'ignore quand elle remarque que Mobutu est un dictateur, mais personne n'est dupe. Vient s'ajouter à cela un accident de voiture, deux coups du destin successifs, et une romance qui fait écho à ce drame qui se voudrait grandiose, à notre époque, entre une journaliste tout aussi désœuvrée que le premier spécimen de la profession et un préposé aux archives doux et agréablement décontenancé par ce qu'on voudrait nous faire passer pour de la modernité de la part de la jeune femme. J'y ai plutôt vu un certain sans-gêne, mais bon, je me fais vieille, j'imagine. Bref, l'effet poupée gigogne n'y peut rien, on s'ennuie, en s'acheminant doucement vers un finale convenu dont la moralité - mieux vaut tard que jamais - ne révolutionne pas non plus les sphères de la pensée philosophique. D'autres comédies sentimentales plus réussies auraient pimenté ces histoires parallèles de davantage d'humour, et ça n'aurait pas été du luxe, parce que, en plus, ça se prend un peu trop au sérieux et ça achève de plomber l'atmosphère déjà bien lourde.

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le 24 janv. 2023

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