Dans un cinéma français de plus en plus segmenté et baignant dans l'hérésie imbécile de l'immédiatement identifiable, La Dernière Vie de Simon a évidemment de quoi rafraîchir et dépayser.


A première vue.


On aura sans doute parlé de romance, ou encore d'influences pointées du côté de chez Steven Spielberg, de Guillermo Del Toro ou encore de Tim Burton. Il y a un peu de cela, hommage compris, même si ce n'était finalement guère utile pour ajouter à la qualité d'un ensemble solide et bienvenu.


Sauf que cette définition trop rapide, ces goûts d'autres films reconnus, cette volonté de catégoriser à tout prix par le biais du fantastique, tout cela, malheureusement, fait peut être passer à côté de l'essentiel : La Dernière Vie de Simon se montrant avant tout comme l'une des formes de narration les plus élémentaires et anciennes : le conte.


Un conte adolescent ou le merveilleux, prenant sa source dans une chambre d'enfant, sous une tente de draps éclairée, revêt une certaine forme de magie de l'enfance. Une magie qui entre dans une vie d'enfant abandonné, sans identité, sans origine. Enfin éclairée de l'amour d'une famille, de jeux, d'un quotidien des plus évidents et basiques que l'on pratique pourtant pour la première fois.


Un conte adolescent qui plonge soudain dans les ténèbres. Dans une forêt où il est interdit de trop s'enfoncer. Une mise en garde que l'on brave avant que la tragédie ne prenne corps.


Un conte adolescent, enfin, qui n'hésite pas, comme naguère, à charrier des images dérangeantes caressant les rivages d'une certaine forme d'inceste. Qui met en scène un personnage central imparfait, qui adopte une autre vie que la sienne comme seul moyen d'être aimé. Simon, tel un véritable miroir, renvoie dans les yeux de l'autre l'apparence qu'il dérobe.


Simon s'enferme dans ses choix parfois discutables. Mais qui est-on, de l'autre côté de l'écran, pour juger ? Cette question mérite d'être posé, car elle résonne dans l'affect du spectateur, qui n'est plus tout à fait sûr qu'il aurait réagi autrement pour ne pas décevoir, pour continuer à s'intégrer à cette famille, pour aimer et être aimé.


La fuite ne peut donc qu'être sans issue, comme le démontre un acte final éperdu mettant fin à une certaine forme de rêverie surnaturelle mêlée de romance à laquelle le spectateur s'accroche désespérément.


Tout le prix de La Dernière Vie de Simon se trouve là. Dans son candide désarmant mais jamais niais. Dans ses enjeux moraux d'une singulière gravité. Dans ses belles relations familiales traduisant le malaise de l'adolescence. Et donc, dans son amour sincère de son matériau qui parle immédiatement au coeur.


Behind_the_Mask, enfant miroir.

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le 10 févr. 2020

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Behind_the_Mask

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