La discrète fait partie de ces trésors méconnus que l'on découvre presque par hasard. Judith Henry est d'une candeur et d'un naturel hallucinants, tandis que le phrasé lyrique de Luchini est utilisé à l'escient le plus parfait. Le jeu de séduction qui s'installe entre les deux personnages est d'une subtilité très inattendue. On a droit à des moments presque magiques, où la fiction est transcendée et où on a l'impression d'être une petite souris qui assiste à un morceau de vie. On se demande à ce moment-là si on ne devrait pas s'éclipser pour laisser les personnages entre eux, comme si l'on était de trop tellement l'instant est précieux. Cette histoire est une sorte de métaphore de la vie, une mise en abyme du mensonge et des apparences. Certes, la mise en scène n'est pas bien belle (même si les effets de caméra se calquent bien sur l'histoire) et l'image est terne, mais finalement, l'esthétique nous indiffère dans un film aux dialogues si envoutants. La fin est étonnamment glaçante. On s'en doutait, de cette issue, mais on s'était pris à espérer qu'elle ne soit pas irrévocable. A l'image de la discrète qu'il sublime, ce film est bien plus beau que ce qu'il ne laisse paraître.