La Disparue de Deauville par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Un véritable mystère entoure le décès de la jolie Victoria, une célèbre star, au sommet de la gloire. Trente années se sont écoulées depuis la mort de l'actrice mais, tel un fantôme, elle apparaît régulièrement dans la vie de Jacques, un lieutenant de police du Havre à l'existence marginale, morose et perturbée suite au décès de sa femme. Il a pour mission de mener une enquête dans un grand hôtel de Deauville où la soudaine disparition d'un homme influent au sein de la famille gérant l'établissement a été signalée. Mais un fait marquant vient s'ajouter à l'enquête du policier: Victoria aurait vécu dans ce palace. Jacques ne cesse d'être obsédé par les apparitions furtives de cette femme peut-être d'un autre monde. Il va alors tout mettre en œuvre pour élucider les mystères qui rodent dans les coulisses de l'"Hôtel "Normandy" et ce malgré les oppositions volontaires ou involontaires d'un bon nombre de personnes.


C'est dans un voyage plein de rebondissements, avec pour cadre un palace de Deauville aussi mystérieux et austère qu'un château hanté de l'Ecosse profonde, que Sophie Marceau nous entraîne. Au sein de ce luxueux établissement, une famille se déchire, se cache des vérités et sous des faux airs de bons principes bourgeois souffre de son mutisme et pour cause: ces gens ont en eux un lourd secret familial, difficile à dissimuler et que le temps n'a pas effacé.


Jacques, un flic usé par une laborieuse existence, lutte pour éclaircir l'énigme de la disparition du membre du clan familial mais aussi contre les apparitions de cette séduisante jeune femme, fantôme intouchable. L'obsession le gagne, l'incompréhension et l'ironie de ses collègues le révoltent tant il est persuadé de pouvoir mettre un terme aux doutes et à l'obsession qui le tenaillent. On tente de l'écarter de cette affaire, de l'envoyer prendre quelques temps des vacances afin d'oublier. Rien n'y fait, il est pris comme un insecte ébloui par les phares d'une voiture. Malgré la folie qui le gagne, fumant cigarette sur cigarette, il essaye de reconstituer le puzzle complexe de ce qui est devenu son affaire, obsédé par le mobile de la mort de cette actrice disparue depuis trente ans, persuadé aussi qu'il puisse y avoir cause à effet avec l'attitude du clan familial des gérants de l'"Hôtel Normandy".
Rien n'est simple, tout n'est que mensonges, supercheries, trahisons dans ce drame. C'est pourquoi la tâche de notre policier,dont l'allure rendrait jaloux l'"inspecteur Colombo", s'annonce difficile autant psychiquement que physiquement surtout lorsque les apparitions de cette femme troublante vous rappellent quelqu'un que vous avez vénéré.


A la vue de cette troisième réalisation de Sophie Marceau, je me demande bien pourquoi la critique se montre aussi sévère et injuste envers un film qui ne manque pas d'originalité, de suspens et de beauté dans ses images.
De l'ambiance étouffante du grand hôtel aux intérieurs chatoyants souvent inquiétants, aux prises de vues splendides des Falaises d'Etrat, du Pont de Normandie et de la campagne verdoyante de ces lieux, le décors est planté. A partir de là, la réalisatrice va nous entraîner au gré de son imagination dans une enquête à l'ambiance aussi inquiétante que dérangeante. Il est certain que quelques petites invraisemblances émaillent par-ci, par-là, cette intrigue très alambiquée, mais peu importe! On se laisse facilement envahir par cette atmosphère.
L'interprétation de Christophe Lambert est tout à fait remarquable en flic usé par la vie et par les doutes. Mal habillé, coiffé avec un pétard, le regard hagard, il traîne sa misère à la recherche de la vérité envers et contre tous. Sophie Marceau est troublante à souhait et joue avec sobriété son rôle de fantôme aussi inquiétant que charmeur. Nicolas Briançon, Robert Hossein et Marie-Christine Barrault se montrent à la hauteur dans leurs tragiques personnages, paumés et poursuivis par leur passé. Je voudrais aussi mentionner la musique tout à fait prenante et expressive de Franck II Louise ponctuant avec bonheur cette œuvre intrigante.


Voici donc le fond de ma pensée, et malgré l'avis contraire de la majorité des critiques, c'est un polar fort bien réalisé, prenant et esthétique. Il est dommage que l'on puisse ainsi assassiner des réalisateurs et réalisatrices qui tentent d'apporter leur contribution au cinéma d'auteur. C'est pourquoi je vous invite à vous plonger dans ce film qui mérite une audience publique conforme à son originalité et à son esthétisme.

Grard-Rocher
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le 4 déc. 2013

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le 13 avr. 2013

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