Après Les Nuits de Cabiria qui semblaient marquer un discret plafonnement de Fellini dans le récit, La Dolce Vita, juste avant Huit et demi, incarne sa première irruption dans le domaine d’une cinéma qui ne se contente plus de raconter une histoire mais qui va chercher la vie où elle se trouve. Film monumental de près de trois heures, La Dolce Vita se présente - à l’image de ce que sera quelques années plus tard le Satyricon, son pendant antique - comme une succession de tableaux décrivant la société romaine (ici, celle de la fin des années cinquante) dans son humanité et (aussi) sa décadence. Le bout de la lorgnette choisi est celle d’un journaliste à scandale, évidemment bien placé pour observer toutes les facettes de ce monde-là. C’est peut-être le seul des Vitelloni à s’être évadé que nous retrouvons ici, dans la peau d’un homme qui s’est essayé sans succès à la littérature et qui s’est résolu à terminer sa vie en jetant de la bouillie aux chiens. De nombreuses scènes de ce film (devenu culte) sont restées célèbres et sont encore dans beaucoup de mémoires : la promenade en hélicoptère du Christ vers le Vatican, la baignade d’Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi, la soirée chez le philosophe puis son terrible suicide, l’orgie dans la villa et, pour finir, la rencontre, au matin sur la plage, avec le poisson monstre et la jeune fille pure... Il y aurait tellement à dire par ailleurs sur ce film immense, sur l’interprétation dominée par un Mastroianni qui commençait là une collaboration historique avec le Maestro, sur l’analyse des symboles présents constamment tout au long du film, sur la part du rêve dans ce début de travail autobiographique... Il y aurait tellement à dire sur la réalisation de Fellini, sur son travail de créateur, sur sa manière unique de concevoir le cinéma… Je me limiterai à souligner que ce film marque un tournant dans une des œuvres les plus importantes du septième art.
Maqroll
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le 12 juil. 2013

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