Ce qui est amusant avec La Dolce Vita, c'est que la vie qui y est représentée est tout sauf douce. Un titre ironique, pourrait-on dire, puisque paradoxalement Fellini y représente une capitale romaine sophistiquée et superficielle axée principalement sur la vie quotidienne de la classe bourgeoise qui s'adonne à une sorte de fausse respectabilité ainsi qu'à un paraitre insupportable.

 

Coproduction italo-française palmée à Cannes en 1960, La Dolce Vita suit aux quatre coins de Rome la vie effrénée de Marcello (Marcello Mastroianni), un séduisant journaliste qui jouit de sa popularité afin de dégoter des scoops pour son prochain article. Cependant, auparavant ambitieux, il perd peu à peu son libre arbitre, on le devine insatisfait  de sa situation tant professionnelle que sentimentale, un pessimisme qu'il va noyer dans l'alcool, les femmes et les folles soirées romaines.


Il est probable que Fellini ait volontairement déstructuré La Dolce Vita avec l'enchainement de toutes ses soirées mondaines qui en deviennent ennuyeuses. Cependant, les personnages agaçants se mélangent à d'autres beaucoup plus intéressants, ce qui maintient un certain intérêt à celles-ci, même s'il est difficile de suivre cela pendant près de trois heures.

La scène du faux miracle sous une pluie battante par exemple est vraiment longuette, mais toutefois tellement représentative du poids du catholicisme dans la société italienne confrontée à l'émergence d'une nouvelle pensée civile qui explosera quelques années plus tard avec les fameuses années de plombs.

 

Un rythme irrégulier donc auquel nous sommes confrontés, mais dans lequel Marcello nous emmène aux hasards de ses rencontres féminines en majorité.

Il y a cependant plusieurs exceptions : comme protagoniste masculin, on retrouve le personnage de Steiner (Alain Cuny) un collectionneur d'art et poète dont la situation et la personnalité, bien sous tous rapports, fascine particulièrement Marcello. La séquence avec le père de Marcello est assez chouette également, on comprend l'éloignement qui entoure la relation entre le père et le fils, cette scène concerne directement le vécu de Fellini, on sent que c'est une parenthèse importante face à toute cette succession de soirées d'exubérance, bien que le patriarche fût à un malaise près de conclure avec Fanny (Magali Noel) une des conquêtes de son fils avant qu'il se retire à Sienne retrouver son épouse.


Marcello est attirant et il le sait, ses conquêtes et ses rencontres sont innombrables et soigneusement élaborées par Fellini qui donne une place prépondérante à la figure féminine. Maddalena (la merveilleuse et regrettée Anouk Aimée) bourgeoise lassée de Rome et désireuse de nouveaux amants, mais symbole d'une autonomie féminine pas forcément d'usage et d'actualité pour l'époque : par exemple, il faut attendre dix ans après la sortie du film pour que les Italiennes puissent demander le divorce. Il y a Emma (Yvonne Furneaux) sa femme trompée, à la fois amoureuse et malheureuse de voir son mari vagabonder et enchainer les tromperies à son égard, au point de tenter de s'enlever la vie, en bref, un couple qui bat plus que de l'aile, mais qui arrive à tenir, on ne sait comment. Il y a surtout Sylvia (Anita Ekberg) la vedette américaine sensuelle dont la beauté éblouissante affole les Romains, Marcello le premier.


La Dolce Vita reste pour nous tous une représentation magique de la capitale romaine avec en prime des scènes mémorables, comme celle d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi, qui, malheureusement, pour elle, immergea sa carrière. La scène d'ouverture entre tradition et modernisme s'oppose avec la statue du Christ qui par hélicoptère survole Rome et ses ruines antiques, ses terrains de football et ses immeubles en construction. Elle me semble encore plus pertinente, car représentative d'une Italie chrétienne d'après-guerre dont la morale semblait tout restreindre, ce qui n'empêche pas Marcello de tenter de draguer des femmes en bikini dès cet entracte.


Cependant, la scène de la plage en clôture du film est certainement la plus marquante avec les magnifiques retrouvailles entre la jeune et insouciante Paola (Valeria Ciangottini) pleine de pureté et d'ambition qui n'arrive pas à se faire entendre et Marcello éméché, perdu et assourdi par le bruit des vagues qui représente en réalité toute la désolation d'un homme dans sa précédente nuit de décadence et d'absurdité. La Dolce Vita est à voir absolument au moins une fois dans sa vie, Mastroianni y est immense. 

Créée

le 6 oct. 2024

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Ldmnh75

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