Mado, une jeune fille à l'entrée de son adolescence est kidnappée par un jeune homme de 17 ans, François. Commence un jeu de rôle troublant qui dure quelques jours dans le grenier de la ferme du jeune homme. Dans cet espace-temps qui n'appartient qu'à eux, et duquel les adultes sont rejetés hors-champ, ils s'imaginent un monde régi par des règles tantôt dictées par l'une, ou par l'autre. Ils s'inventent un quotidien fait de résistance, de douceur, de révolte, de tendresse, d'intimes souffrances. On devine toute l'attirance du jeune homme et toute la curiosité de l'enfant.
Un film presque entièrement chuchoté, qui justifie sa production au cinéma dans un dispositif pourtant très théâtral. Claude Hébert y est très touchant. A l'origine acteur non-professionnel, il a d'abord tourné pour "Moi Pierre Rivière ayant égorgé..." avant de nous saisir dans "La drôlesse" par une sensibilité contenue, mais que l'on devine prête à éclater pour sortir d'un corps gauche et recroquevillé. Face à lui, la spontanéité de Madeleine Desdevises. Elle habite ce film comme le grenier où la retient son ravisseur : en jouant à l'adulte. Tous deux forment un duo magnifique, et figurent à chaque instants où leur véritable âge ressurgit, une très belle histoire d'amour impossible, ponctuée par une fin déchirante.