Comme dans "le Petit Criminel", la profonde empathie avec laquelle Doillon filme ses personnages principaux saute aux yeux, et ne tourne jamais en mièvrerie : tout est filmé à la bonne distance — et avec un bon cadrage. Et il faut une grande subtilité pour filmer ce kidnappeur simplet traité comme un animal par sa mère et son beau-père, et cette petite semi-orpheline, qui aurait cent fois l’occasion de s’enfuir et qui ne s’enfuit pas. Leur gaucherie n’est jamais maniérée… Quant à leurs rapports, comment les définir ?
Le cocon que les personnages se forment, fait de silence et de chuchotements qui s’opposent au patois lourd et fort des adultes, n’est tout à fait ni un couple, ni une cellule familiale, ni une fratrie, ni une paire d’amis, ni un endroit fait pour apprendre — et évidemment pas un duo kidnappeur / victime. C’est ce qui fait le charme jamais malsain de cette chronique tout en nuances d’un ravissement campagnard, un peu hors du temps, un peu hors de la société, servie par des dialogues très justes et des acteurs parfaits — ou parfaitement dirigés, ce qui au bout du compte revient au même.
« C’est pas long mais c’est joli », dit Mado. Mais non : une photo de chatons sur un calendrier des éboueurs, c’est joli. "La Drôlesse", c’est beau.
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