Voilà un reportage qui ne galvaude pas le terme "d'utilité publique". Ici le but n'est pas de trancher sur les sujets de controverse ni de dire ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Le but est de nous expliquer comment les lobbies industriels réagissent quand leur business commence à être incriminé et remis en question. On apprend qu'ils ne choisissent pas le terrain de la confrontation mais qu'au contraire ils se servent des armes de la science pour les retourner contre elle. Ceux-ci sèment le doute et la confusion dans l'esprit du grand public en focalisant l'attention sur des causes alternatives potentielles pour noyer le poisson et retarder les sciences. L'industrie du tabac a été la précurseur de cette pratique qui fonctionne encore aujourd'hui. Le reportage aborde également la manipulation du langage à cette même fin.
Ça a le mérite aussi de tordre le cou à un cliché bien connu en toxicologie qui voudrait que ça soit la dose qui fasse le poison, or, il s'avère que certaines substances contenues dans le plastique sont plus nocives à petites doses. Ça implique une chose que j'aime bien car ça a bousculé mon biais et mes préjugés que j'avais sur la science qui n'aurait aucun mal à revenir sur ses paradigmes et sur ses approches si le besoin s'en faisait ressentir. On y parle aussi de comment les scientifiques doivent réagir fasse à cette pression et à ces conflits d'intérêt permanents.
"La fabrique de l'ignorance" a aussi ce mérite de taper sur un peu tout le monde. Des hautes sphères du pouvoir, des conspirationnistes sur les réseaux sociaux en passant par une partie des scientifiques et l'Eglise à l'époque de Copernic et Galillée.
Franchement, j'ai pris une petite claque.