Vu que Antoine Goya a opéré un sérieux virage idéologique et politique je me permets également de mon côté de revoir totalement mon point de vue sur ce type et sur son contenu. Ça va me permettre d'expliquer ce qui m'a fait me rendre compte que ce vidéaste n'est qu'un cuistre pétri de contradictions et d'incohérences qui s'est totalement fait monter la tête par certaines de ses connaissances et aussi et sans doute par les oeuvres qu'il consomme et son milieu professionnel tant il est devenu d'un manichéisme et d'une bêtise à toute épreuve. Il est en effet tellement devenu super aseptisé et démago sur certaines choses comme les dérives de l'intelligentsia progressiste qu'il a dû évacuer son trop-plein d'exubérance exclusivement sur la droite identitaire là où avant il était beaucoup plus nuancé et moins binaire sur le clivage artificiel droite/gauche. Un comble pour quelqu'un qui a souvent cité la philosophe Simone Weil pour sa critique des partis politiques qui ne sont que "des machines à fabriquer de la passion collective" et à exacerber ses antagonismes car il est tomber en plein dedans. Un comble aussi pour quelqu'un qui avait repris de volée un professeur qui s'était fait censurer par l'éducation nationale parce qu'il était trop connoté à droite en lui reprochant de se victimiser et d'être "trop flou" dans sa dénonciation des censeurs... C'est un classique chez ce mec de chercher de l'ambiguïté là où il n'y en a pas vraiment pour se dispenser d'avoir à répondre sur le fond et pour se dispenser de reconnaître certaines choses...
AG ne croit pas à la morale, ni à la notion de beauté dans l'art, ni au libre-arbitre, ni à la religion, ni à la notion de mérite. Il se dit à la fois Anti-capitaliste, Marxiste, Royaliste et même misanthrope, il s'aime à jouer son personnage du gars qui encense les figures dictatoriales comme Mao et Kim Jong-Un, tout en reprochant derrière aux "droitardés" leur obsession pour les héros de l'histoire de France et du roman national... Non seulement le gars semble avoir une vraie obsession douteuse pour l'ex-URSS et ses figures communistes comme s'il n'était jamais sorti de l'adolescence mais, surtout, s'il n'a pas compris que l'histoire de ce régime s'est aussi énormément appuyée sur ses héros pour orchestrer sa dictature du prolétariat et galvaniser le peuple et la classe ouvrière c'est chaud... Un tel angle mort dans la vision des choses est assez décevant de sa part. Surtout qu'aujourd'hui ce qui prédomine partout c'est bien davantage le roman anti-national dans la culture et l'éducation nationale et le déboulonnage des statues des figures historiques françaises "racistes". Des petits penseurs de tous bords comme Hegel et Soljenitsyne ont d'ailleurs déjà écrit des textes essentiels sur l'importance pour les nations d'avoir des hommes forts et des leaders courageux pour fédérer les peuples derrière des causes et des valeurs nobles et les sortir de l'abêtissement spirituel. Il faut croire que toute la "fachosphère" droitarde n'est pas si conne que ça finalement quand elle fait de ce constat l'un de ses combats politiques majeurs au même titre que la perte du sacré et de la notion du beau en art.... Mais cet idiot de AG lui quand il entend "héros" il pense uniquement à la vision ultra romancée et fantasmée de la figure christique parfaite qui va soulever des peuples et renverser des montagnes à elle toute seule comme si tous les grands auteurs qui ont vanté les mérites des héros de l'histoire avaient tous sa vision caricaturale et hagiographique sur la question. Pas un seul instant il va essayer de comprendre (même ne serait-ce que du point de vue de la fiction utile) pourquoi tants de modèles révolutionnaires de réussite et de bravoure ont autant traversé les âges et les lieux, ni les intérêts qu'ont les pouvoirs à les faire oublier. "Le dénigrement de l'héroïsme ne peut être qu'une facilité pour gens médiocres." Hugo Pratt.
Le gars n'est pas tendre non plus avec les libéraux et les libertariens, il pointe constamment du doigt l'impérialisme américain et son soft-power culturel sur le reste du monde, mais semble de l'autre côté de moins en moins enclin à reconnaître les dérives et les excès progressistes concernant le wokisme et l'inclusivité. Pire, comme Charles Robin l'a parfaitement démontré AG a même complètement retourné sa veste sur cette mouvance. Ma question est simple : comment peut-on prendre conscience du fait que le système capitaliste ce n'est pas seulement du libéralisme économique mais que c'est aussi du soft-power culturel et ne pas se rendre compte que cette nouvelle tendance qui est de monter en épingle toutes les nouvelles lubies et autres fantasmes sur l'émancipation individuelle des minorités (l'ethnie, la question du genre et de l'orientation sexuelle etc) est justement orchestrée par le grand Capital ? Comment ne pas se rendre compte que c'est du pur libéralisme culturel et social et que c'est ça le nouveau fer de lance du néo-capitalisme et du néo-libéralisme : l'exaltation des particularismes individuels dans la publicité, les films et les séries Netflix ? Ceci est sans doute le plus gros angle mort de la nouvelle gauche radicale qui au nom de la dénonciation des pseudo discriminations se retrouve être l'idiote utile d'un système qu'elle déplore. Le fait de ne pas se rendre compte que le néo-libéralisme vise à déconstruire toutes les structures et les valeurs traditionnelles et conservatrices comme la famille, la notion d'identité nationale, la culture judéo-chrétienne de l'occident avec le capitalisme du désir, la notion de méritocratie, la morale, le patriarcat ou encore toute hiérarchisation et repères esthétiques (repères tout court en fait) dans l'art pour lui permettre de se laisser le champ libre afin de débrider toujours plus les rapports marchands à l'international avec des marchandises et des contenus toujours plus ciblés c'est être bien à côté de la plaque et très naïf.
J'aime aussi comment il se dédouane de faire du putassier dans ses miniatures parce que "c'est comme ça que fonctionne l'économie du web" alors qu'une chaîne comme celle du précepteur a très bien démontré que l'on pouvait rencontrer un gros succès en étant dans la simplicité et la diplomatie...
Au niveau cuistrerie du "je fais étalage de mes connaissances philosophiques mal assimilées et mal digérées" citer le principe fondateur du stoïcisme antique "ce qui ne dépend pas de moi ne doit pas m'affecter" pour critiquer la position de Jihem Doe sur le véganisme qui ne se baserait "que sur de la morale d'esclave" c'est pas mal aussi. Parce que l'exploitation animale c'est nous qui la mettons en place mais celle-ci ne dépend pas de nous... D'accord. La morale ce n'est que du subjectivisme alors que celle-ci se base sur des faits bien concrets comme la souffrance animale et la biodiversité en péril... D'accord.
Autrefois cette chaine était pourtant l'une de mes préférées, c'était elle notamment qui m'a initié à la littérature et à la philosophie mais désormais ce n'est devenu qu'une chaîne qui met la culture au service du clash quand elle s'attaque à des vidéastes avec lesquels elle a un profond désaccord. Toutes les personnes intéressées par la culture et la soif de connaissance se sont détourné progressivement de son contenu, il ne lui reste plus qu'une horde de gamins incultes qui n'ouvrent toujours pas de livres et qui ne sont là que "pour le sang". Une telle baisse de niveau est vraiment triste.
Je pourrais aussi parler de sa récente rage contre les revenus du youtubeur Astérion et de sa proposition totalement hors-sol qu'il nous a exposée sur les réseaux sociaux qui est "une taxation à 100% pour les salaires des influenceurs supérieurs à 2000 euros" ... Alors, loin de moi l'idée de défendre spécifiquement cet ahuri mais ce qui est drôle c'est que ce sont généralement ces même Maoïstes comme AG qui nous explique que le système capitaliste empêche la mobilité sociale et financière mais dès que des gens réussissent mieux qu'eux, dès que des personnes arrivent un tant soit peu à s'extraire de leur condition initiale ils veulent les rabaisser. Pour quelqu'un qui critique h24 la morale d'esclave des petits contre les forts c'est encore une fois cocasse. S'il fallait un nouvel exemple pour démontrer à quel point ces faux marxistes sont des gros envieux pétris de ressentiment malgré leurs grands discours altruistes et socialistes sur la classe ouvrière qui "ne peut pas s'émanciper de l'aliénation du travail" bah voilà... Parce que s'attaquer systématiquement aux entrepreneurs et aux boutiquiers qui réussissent "trop" comme il l'a souvent fait dans ses vidéos (et qui pourtant arrivent à se défaire du salariat qui a tendance à nous assigner à résidence sociale) ça ne favorise pas le conservatisme, non, bien sûr...
Pour continuer mon énumération de ses énormes et innombrables contradictions je pourrais aussi évoquer le fait que c'est également un gogo du fameux Capitalisme de séduction théorisé par le sociologue Clouscard avec son rapport à l'art vu que Antoine Goya assume lui-même n'être qu'un hédoniste individualiste qui ne s'intéresse qu'à sa petite jouissance esthétique auto-centrée devant une oeuvre (de son propre aveu les messages qu'on tente de mettre dans la tête des gens passent après). Il faut absolument lire "Néo-fascisme et idéologie du désir" pour constater à quel point il coche toutes les cases du néo-libéralisme : c'est le parfait petit fonctionnaire du service public, de l'éducation nationale et des nouvelles couches moyennes qui fait la promotion d'œuvres pseudo transgressives, subversives, anti-étatiques (avec par exemple la filmographie d'un Godard ou bien d'un Kechiche qui, lui, représente on ne peut mieux l'idéologie du désir du mondain tel qu'elle est décrite dans le livre pré-cité) et qui, pour la plupart, ne sont contestation politique et morale que dans leur esthétique et leur idéalisme petit-bourgeois. Car on parle quand même du gars qui je le rappelle, en plus de relayer le terrorisme/fascisme culturel de la gauche soixant-huitarde que Clouscard a dénoncé, ne fait maintenant que de défendre le wokisme, l'intersectionnalité et le phénomène SJW dans l'art sans aucune mesure ni nuance et avec un manichéisme béat ridicule. Alors que le wokisme et l'intersectionnalité sont les nouveaux stratagèmes paroxystiques du néo-capitalisme inclusif qui se la joue démago et qui mets en avant une pseudo émancipation/représentation des oppressés et des discriminés qui n'est toujours que idéologique, morale, juridique, bref seulement d'apparence mais jamais infrastructurale, c'est à dire jamais, ou très rarement, une émancipation économique qui passerait par la dénonciation des modes de production injustes, des rôles inégaux occupés dans le procès de production... Le mec ne voit toujours pas que toute cette complaisance ambiante feinte par le grand Capital sert la bourgeoisie car celle-ci vise à occulter la lutte des classes et la discrimination mère et indifférenciée qui est celle des pauvres en faisant justement diversion sur des mouvements sociaux identitaires groupusculaires, et finalement, très communautaristes.. Et par dessus le marché il relaye même assez souvent et inconsciemment les discours freudo-marxistes et le nitzschéisme propre à l'idéologie dominante et à son intelligentsia universitaire qui consiste à passer sous silence les avancées théoriques et pratiques décisives de ces disciplines et de ces courants philosophiques en en gardant qu'un gloubi-boulga inconsistant et trivial tantôt subjectiviste, tantôt positiviste, tantôt naturaliste... Ce mec a t-il une quelconque connaissance de la dialectique en philo' ?
Il a en effet sauté à pieds joints dans ce relativisme outrancier dans lequel a sombré la société post-moderne, ce relativisme irréfléchi qui nous empêche de penser, qui brouille notre discernement et qui nous empêche ainsi de faire valoir notre sens critique à l'égard notamment de l'art contemporain. Vous savez, ce subjectivisme sans borne qui réfute toute les hiérarchisations, les références historiques et culturelles, toutes formes d'objectivité et qui nous donne aujourd'hui ce culte du nivellement par le bas qui consiste à diaboliser et à abaisser tous les modèles de réussite plutôt qu'à inciter ceux qui partent de plus loin à s'élever. Voilà pourtant la conséquence éthique bien concrète à sombrer exclusivement dans le dionysaque.
Heureusement, il lui arrive encore de sortir quelques vidéos intéressantes et pertinentes (et sourcées) comme celle sur le climato scepticisme de Tatiana Ventôse, je le rejoins sur sa défense de la zététique et des zététiciens que beaucoup de personnes ont tendance à stigmatiser, mais son rétro-pédalage sur tout ce qui concerne l'extrême gauche a eu raison de moi. Avant il cernait les contradictions des deux extrêmes maintenant cela semble être de l'histoire ancienne.
Et encore, même sur le cas Ventôse il y aurait à y redire, en particulier sur l'opposition du monde urbain et du monde rural. AG s'était permis de reprendre Charles Robin sur le sujet de l'intersectionnalité avec l'aide de son ami Pas duhring en lui reprochant son interprétation biaisée de la chose qui voudrait que les discriminations puissent s'additionner (alors que le "concept" parle de se retrouver à l'intersection de plusieurs oublis seulement) le problème relève encore une fois d'une vision très manichéenne de la problématique ainsi que d'une indignation sélective flagrante. La théoricienne américaine prends l'exemple de la femme noire prolétaire qui est doublement invisibilisée dans le sens où quand on parle de la précarité on parle toujours des hommes et quand on parle des oppressions sexistes on parle toujours de la femme blanche... Moi je peux être d'accord avec ce constat le problème c'est l'oubli d'une autre double discrimination (voire même triple) qui est celui du blanc fils d'agriculteur. Quand on parle de pauvreté on parle toujours du monde urbain banlieusard, et quand on parle du racisme on parle toujours du racisme contre les immigrés mais jamais du racisme anti-blanc comme si celui-ci n'existait pas.... Et même quand on parle de la théorie de Kimberlé Crenshaw on parle encore une fois jamais des campagnes.... Ai-je besoin d'en rajouter ? Je ne crois pas. Et le problème c'est que c'est toujours comme ça avec ce cuistre.
Bref, à boycotter