La fabrique du mensonge film allemand et biopic sur Joseph Goebbels

 

Le film commence assez mal avec un long texte moralisateur et inutile, qui justifie le fait de faire un film du point de vue d’un nazi sans bien sûr en épouser l’idéologie (on s’en doutait), et nous sert le couplet habituel sur le fait de ne pas reproduire les erreurs du passé et cetera

Une première scène d’intro assez réussit dans le bunker en 1945 où sont retranchés les derniers fidèles annonce le postulat intéressant du film comment se fait-il qu’on ne connaisse pas les propagandistes de Churchill, Roosevelt ou Staline mais que Goebbels soit ainsi entré dans la postérité. Le film commence pour de bon et en 1938, ce qui est assez dommage parce que l’on va se concentrer sur la propagande de guerre et la partie la plus connue de la vie de Goebbels et non sur son ascension et la fabrique de l’image d’Hitler avant et après la prise de pouvoir.

Le titre français est assez trompeur par rapport au titre allemand Der Führer und Verführer puisqu’on s’intéresse plus à la relation Hitler-Goebbels qu’à la fabrique et la conception des images et des mythes propagandistes. Les parties les plus intéressantes sont d’ailleurs celles où Goebbels et ses équipes trafiquent, mettent en scène, truquent les images et films de propagande. Les autres parties intéressantes sont la vie de cour qui règne autour d’Hitler et les luttes d’influence aussi savoureuses que ridicules de ses fidèles qui se détestent : notamment les repas où le placement indique le degré d’approbation du moment dans la hiérarchie du führer.

Pour le reste c’est assez peu passionnant on a le droit à un catalogue des évènements de la guerre vus par les Hitler et Goebbels, le manque de moyens oblige le film à mixer prises de vue et images d’archive pour toutes les scènes extérieures. On suit aussi la vie plus intime du ministre sa relation avec sa femme et sa vie tumultueuse hors mariage.

L’acteur principal s’en donne à cœur joie dans son personnage cabotin et superlatif, de même que l’actrice de sa femme Magda, pour les autres c’est assez peu mémorable, les comédiens et leurs maquillages sont très peu ressemblants ce qui a tendance à gêner le spectateur (la palme revient à Himmler).

Enfin film allemand oblige, on a le droit à un lourd discours moral (merci le spectateur n’est pas idiot et n’éprouve pas de sympathie envers Goebbels ou quelque autre chef nazi) qui explique d’entrée que tous les allemands ont marchés dans la machine nazie et sa propagande et puis images des camps (encore une fois le spectateur n’est pas un abruti et se doute bien que quand les personnages parlent d’extermination ou de solution finale ils parlent des camps de la mort, pas besoin d’insérer des images d’archive des camps) et témoignage d’ancienne déportée à la fin du film.


TheCaretaker
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