Un film-date dans l'Histoire du cinéma, injustement méconnu : premier film de Lewis Allen (cinéaste oublié et pourtant bon artisan), premier film de "maison hantée" et film emblématique d'un certain style gothique dans les productions fantastiques de l'époque.
Soyons clairs : La Falaise mystérieuse n'a plus rien, aujourd'hui, de vraiment effrayant. Quoique : je ferai quand même mention de cette très belle idée de mise en scène qui consiste à entendre les pleurs d'outre-tombe d'une femme au rez-de-chaussée d'une maison vide de tout habitant, sans que l'on puisse voir ou même établir l'origine du son. Une technique encore employée aujourd'hui qui fait souvent mouche, Lewis Allen ayant compris dès le départ que l'imaginaire du spectateur et la peur de l'indiscernable sont les meilleurs atouts de ce genre de film.
Curieux, le film l'est sur de nombreux points : mélange de film policier et fantastique, Allen s'amuse à ajouter bon nombre de moments comiques dans le film, notamment via l'aide de Ray Milland, sans conteste le meilleur du casting, à cent lieues de son personnage (la même année) dans The Lost Week-end de Billy Wilder. De Wiler, Allen va aussi chercher, et c'est important, le chef opérateur Charles Lang, l'un des plus brillants directeur photo en noir et blanc de l'âge d'or hollywoodien, qui prouve ici encore tout son génie des clairs-obscurs, sa maîtrise des contrastes et l'impact qu'une lumière peut avoir sur l'histoire.
Bon, pour le reste, il faut bien le dire, le film traîne un peu en longueur et se place très loin derrière la Maison du diable de Wise, le chef-d'oeuvre du genre. Il n'empêche : La Falaise mystérieuse est une curiosité de tous les instants, comme si le studio n'assumait pas la dimension inquiétante de son film et ne savait pas trop quoi en faire, un film fantastique presque burlesque. Etrange... et sympathique.