Les bons sentiments sont rarement compatibles avec la réussite d'un film, surtout s'ils ne font que surligner le scénario de celui-ci. D'autant plus si la fiction s'inspire d'une tragique réalité, qui nécessite un regard rétrospectif bien plus analytique qu'un simple exposé de faits et gestes anodins. C'est malheureusement le chemin qu'entend emprunter cette valeureuse famille Asada qui fait tout pour émouvoir un maximum son audience, et n'y parvient qu'en de trop rares occasions.
La culture nippone qui s'exporte très bien en occident et plus particulièrement dans notre cher hexagone, est coutumière de ces propositions "kawai" qui désigne des œuvres bien sous tous rapports susceptibles de toucher les âmes (hyper)sensibles. En voici un parfait exemple qui ne prend aucun risque pour baliser de bout en bout une histoire tirée de faits réels susceptible de tirer des larmes de crocodiles aux coeurs purs et innocents. Rien d'infame qui puisse rebuter un cinéphile en attente d'un héritage Mizogushien, puisque les comédiens se débrouillent plutôt bien avec le peu qu'ils ont à interpréter. Et le comique de situation est souvent amusant, créant des décalages bienvenues dans certaines scènes. On peut également noter un certain soin à topographier l'archipel (une récurrence dans l'histoire du cinéma japonais qu'il serait intéressante d'étudier de plus près, cela pourrait me tenter). Quelques rememorations des épisodes sismiques ayant frappé le pays ces dernières années viennent apporter une petite touche politique pas inintéressante, même si trop peu central pour en faire un réel sujet (un comble assez improbable ici!).
J'en ressort avec un sentiment très mitigé, alors que la première heure me laissait plutôt enthousiaste et que les quelques promesses entrapercues ici ou la presagaient d'un projet assez remarquable. La dernière demie heure est à cet égard peu passionnante et aurait tout à fait pu être coupée au montage. Peut-être aurait je un ressenti différent si j'ai l'occasion de le revoir prochainement, wait and see!