Pendant l'adolescence de Victoria Bedos, Michel Sardou passait en boucles sur les radios périphériques:
A faire pâlir tous les Marquis de Sade
A faire rougir les putains de la rade
A faire crier grâce à tous les échos
A faire trembler les murs de Jéricho
Je vais t'aimer
Comme des milliers d'adolescentes, Victoria Bedos a entendu résonner en elle l'appel du mâle. Elle l'expliquait dans une récente interview. Sardou représentait l'homme, le vrai!
En 2014, elle écrit le scénario de la famille Bélier.
C'est donc un scénario de groupie dans un univers enfantin.
Allez donc au grenier fouiller dans votre vieux coffre à jouets pour essayer d'y retrouver votre âme d'enfant. Elle est la clef pour apprécier ce film. Un film qui vous rendra peut-être un peu meilleur ... Un peu plus niais aussi sans doute, mais bon...on a rien sans rien...
..."Et c'est tellement plus mignon
De se faire traiter de con
En chanson."
C'est une histoire toute simple portée par des numéros d'acteurs.
Le père, François Damiens, est un éleveur sourd-muet, candidat aux municipales qui fait sa campagne en engueulant silencieusement ses électeurs.
La mère, Karine Viard, confrontée à un rôle muet, se sent obligée de surjouer de façon caricaturale. Le résultat est surprenant et amusant.
Quant à Elmosnino, il incarne avec dérision la passion de la groupie qu'est Victoria Bedos.
On a beaucoup parlé de la prestation de Louane qui se serait révélée comme actrice. Je ne sais pas. Son rôle est si proche de ce qu'elle est vraiment qu'il est difficile de trancher. Mais dans le final, elle annonce son émancipation à ses parents sur "Je vole" de Michel Sardou en doublant la chanson en langage des signes. Elle réussit à faire passer l'émotion, démontrant qu'elle est une vraie chanteuse et qu'il faut jouer pour chanter.
On a d'ailleurs un peu le sentiment que toute l'histoire a été batie pour amener cette scène finale, la vraie réussite de ce film. Pour y arriver, on doit par moment subir quelques scènes assez lourdes comme des dialogues en langage sourd/muet sous-titré.
Derrière le personnage de Laura, un autre plane invisible, provocateur et iconoclaste, hors des chemins tracés et reconnus du succès, il nous a tous irrités un jour ou l'autre, il a passé sa vie à ruer contre toutes les barrières, haï de ceux qui se sont laissé enfermer dans les dogmes de la bienpensance, il a aussi le droit aux erreurs comme lorsqu'il croit à l'innocence de Vladimir Ilitch dans les massacres commis en son nom.
Michel Sardou est un homme libre car il ne cherche pas à plaire.
Il est le premier à sourire de ce film et de ses remarques ironiques: "Michel Sardou est à la chanson populaire, ce que Mozart est à la musique classique: intemporel!"
NB: Pour ceux qui souhaiteraient suivre le film en V.O., il vous suffit de couper le son.