La Famille Bélier par CharlieBrown
C'est assez naze, en fait. Ça fait parfois sourire, et ça tente parfois de faire naître l’émotion (de manière assez grossière), mais c’est assez mal fichu, voire maladroit. On dirait une sorte de cross-over entre "Les Choristes" (même si je ne l’ai jamais vu, mais j’imagine bien la chose) et le "Meilleur espoir féminin" de Jugnot, par exemple (qui, lui, était plutôt bien, pour le coup), le tout sous une couche de vernis pseudo-social plongé dans le monde des sourds-muets. Bon, perso, j’ai trouvé François Damiens et Karin Viard pas crédibles une minute en sourds-muets (c’était vraiment trop demander de faire tourner de vrais acteurs sourds-muets ?). D’autant plus que ce sont deux acteurs chez qui la voix, la diction, le sens du dialogue et de la repartie sont primordiaux, font toute la qualité de l'interprétation. Privés de cet atout majeur, ils gesticulent ici comme des pantins pathétiques, roulant des yeux et agitant les bras comme de mauvais acteurs de cinéma muet. L’actrice principale, la charmante Louane Emera, n’est pas actrice du tout, alors je lui pardonne sa prestation plus que moyenne, qui nuit moins à la qualité de l’ensemble que celle de ses aînés et que la réalisation degré zéro d’Eric Lartigau, à peine digne du moindre téléfilm de base.
Les deux satisfactions du film sont la jeune Roxane Duran, l’amie de l’héroïne, promise à un bel avenir selon moi (je l’avais déjà aperçue dans le "Augustine" d’Alice Winocour), et Eric Elmosnino, excellent en prof de chant/musique aigri et fan de Michel Sardou, ce qui donne lieu à certaines des scènes les plus amusantes du film. Enfin tant qu’on prend ça au second degré. Parce qu’à la longue, malgré toute l’ironie que peuvent y mettre les scénaristes, réalisateur et interprète, on a beau faire un effort surhumain (et on a beau ne pas détester en bloc ce qu’a pu faire Michel Sardou), ça finit par tourner en monument à la gloire de Michel Sardou et ça casse grave les couilles ! (Au bout de 5 versions de "Je vais t’aimer" et l’intégralité de "Je vole", j’en pouvais plus !)