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Dépucelé. J'ai été dépucelé des Bollywood, monde jusque là connu uniquement à travers des reportages extravagants et des blagues un peu racistes. J'étais déjà à peu près au courant du principe: des films traitants d'amour à l'eau de rose et surtout (ce qui m'effrayait le plus) des chansons, des chorégraphies de groupes et des sourires étincelants, reflétant ce que l'Inde pouvait avoir de meilleur tout comme les Disney avec Pixar. 3 heures de film pour une première fois c'est un peu comme décider de remplacer soi-même le pneu manquant de la voiture tout en disant à chaque circonvolution "Ça va ! Je gère !". Ouais je suis le casse-cou du cinéma. La Famille Indienne (Kabbi Khushi Kabbie Gham de son nom original), sortie en 2001, m'a mis sur le cul.


L'histoire traite de la puissante et riche famille indienne "Raichand". Yashvardan, le père, est un grand homme d'affaire stricte mais aimé et qui place sa famille avant tout (comme tout bon père de famille indienne). Il a deux fils. Le premier, Rahul, a été adopté mais il appartient de tout coeur aux Raichand. Il est majeur, beau, intelligent et héritera probablement des rênes de la société familiale. Le second, Rohan, est plus jeune et va bientôt partir en pensionnat dans une grande école. Ces deux-là sont aimé jusqu'à la moelle par leur mère qui les sent venir de loin.

Tout irai bien si Rahul aurai préféré se marier avec la fille de son mariage arrangé par son père et un grand ami de la famille au lieu de tomber amoureux d'une jeune fille gaffeuse du milieu très modeste de la ville. Évidemment, il ça arrive juste pendant que le père fête ses 50 ans ! Et bien que cet amour lui est (cruellement) interdit, il décide de se marier sur un coup de tête. L'amour est trop fort. Cependant, au lieu de recevoir la bénédiction du père, effaré et indigné, Rahul et sa femme sont bannis et déshérités.

10 ans plus tard, Rohan revient de son internat. Beau, jeune, intelligent et méta-séduisant, il découvre avec grande peine l'exil de son frère. Il jure alors à sa mère de le ramener sous son toit.



Il ne faut pas se voiler la face, l'histoire est assez simple. Elle est même très cliché voir archi-banale pour le public visé. Mais ce n'est pas ça qui importe vraiment. L'important c'est les acteurs. Et croyez-moi, dans ce film, nous avons la crème de la crème. Disons que, pour vulgariser, le père de famille est incarnée par un Dieu vivant des films de Bollywood de la génération précédente, tandis que Rahul, l'ainée, est un dieu vivant de cette génération (Je ne remercierai jamais assez les experts qui ont accompagné mon visionnage). De plus, la mère de famille, la femme du père donc, est, dans la vraie vie, marié avec lui. Elle a été également une actrice renommé et ils ont très souvent échangé la réplique dans des films à gros succés. Bref, un sacré gratin pour le peu que j'en sache. Les mecs prennent une attitude de Crooneur, font les yeux doux, et les femmes leur renvoient des sourires blanc et des regards de chattes, la recette du succés !


Le film s'entrecoupe de séquences narratives et de chansons chorégraphiées, une vraie comédie musicale. Pour un néophyte comme moi, le plus dur fut de suivre le début de l'histoire et de prendre le rythme du film en cours. Les indiens ne laissent aucun temps de pause, que ce soit clair ! Une phrase en entraine une autre dans le même débit très rapide qui caractérise la langue, une situation sera entrecoupé au moins 4 fois de dialogues tenus dans une autre pièce, les personnages ne seront introduis que par une phrase ou deux au cas ou vous n'aviez pas vu leur film précédent. Au début, faut s'accrocher (surtout si on a pas de bons sous-titres !). Puis le temps passe et on se rend compte que le seul moment ou le film prend son temps c'est pendant les chansons. Celles-ci approfondissent les sentiments des protagonistes pour mieux mettre en valeur les situations. Je n'ai pas vu de chanson correspondant à un moment dramatique. Elles ne sont là que pour souligner un moment d'amour, un moment heureux (où on a envie de danser). Là, les cut rapides prennent du sens et, étonnamment (mais naturellement finalement) on a plus de plans larges et vues d'ensemble permettant de profiter des 50 danseurs/danseuses qui se trémoussent derrière le héros.



Donc entre les chansons, le temps file à tout allure. Pendant celle-ci, le temps se fige. Et on profite. Ce film a du se servir d'un budget conséquent puisque les décors et les costumes sont incroyables de richesses, de couleurs et de générosité. On se retrouve devant un film éblouissant, faisant échos entre la culture traditionnelle et la modernité d'aujourd'hui. Les chorégraphies, bien que typiquement indienne, sont très agréables à l'oeil. Même si on a toujours le sourire en coin parce qu'on ne perds pas de vue le personnage principale qui exécute un jeu de lover archi too much, on reste conquis par un spectacle aussi grandiose.

En plus, là ou mon inculture m'a pris de court c'est que La Famille Indienne est extrêmement bien filmé. Les plans s'enchainent bien, les images sont très belles et on retrouve beaucoup de symboliques avec des apparitions d'éléments en second plans révélateurs (une photo de famille, une statue d'une divinité symbolisant l'amour, etc...). C'est tout con, un peu kitsch mais c'est bien pensé, fluide et riche. Bref on en prend vraiment pour son grade en plein dans les mirettes.


Et encore en plus de tout ça, si vous avez la chance de le regarder avec un connaisseur, il vous révèlera, non pas les secrets du tournages, mais plutôt la signification des fêtes et des rites indouistes. Cela peut avoir une réelle importance car beaucoup d'actes sont accomplis en fonction d'une tradition, par exemple, et les héros en jouent. La famille Indienne est bourré de références et de jeux constant avec leur culture. Lorsqu'on apprend ça, il y une nouvelle dimension qui s'ouvre, celle d'un pays qui joue librement avec ses codes pour raconter une histoire différemment.

Un dernier élément marquant. Durant ce film, on se rend compte à quel point l'Inde a été influencé par l'Angleterre (à l'image du Japon par les USA). C'est tellement énorme (jeu de criquet, façon de s'habiller, C'est à Londre que sont les meilleures écoles, etc...) que même leur langue est constamment mélangé à de l'anglais. Les acteurs n'arrêtent pas. Assez fou ! La population doit être bilingue de naissance.



Enfin, on peu dire qu'il a de nombreux moments forts. même si les acteurs surjouent, même si les chorés sont acadabradantesques, même si la famille pue le fric plein la boite à gant et utilise une voiture par jour, même si c'est la fête tous les jours dans les quartiers pauvres et qu'il y a du gâchis en nourriture et en vêtement régulièrement, même si on a l'impression de regarder une version longue director's cut du scénario du long métrage de Santa Barbara... même avec tout ça, on savoure bel et bien. Il faut absolument en rire ! Mais gentiment, parce qu'au fond, ça nous plaît.



Bref pour résumer, j'ai été épaté et séduit par ce film époustouflant. Même les 3 heures passent comme une lettre à la poste (japonaise), d'autant plus si on est bien assis et bien accompagné (j'ai eu la chance d'avoir les deux). Il faut prendre l'histoire principale avec un peu d'humour puisque ressentir tout au 1er degré serai un peu excessif étant donné qu'il ne s'agit pas de notre propre culture (donc des notions comme "la famille avant tout" moins fortes pour nous). Moi j'ai beaucoup aimé. Profitez-en à votre tour !
Glauktier
7
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le 6 janv. 2011

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