Avec « La Famille Indienne », nous entrons dans un univers de superlatifs propres aux blockbusters de tout poil. Tout dans ce film est « larger than life ».
Du jeu des acteurs aux décors, en passant par le scénario, les costumes, les musiques, la mise en scène, ça déborde, ça dégouline, ça en fait des tonnes et en rajoute encore une couche, rien d’étonnant à ce que, au final, ça marche !
La dream team des acteurs indiens est là pour attirer toute la famille du plus petit au plus grand. Amitabh Bachchan assure au niveau des ménagères de plus de cinquante ans, Hritik Roshan fera saliver les adolescentes et Shah Rukh Khan (non, vous n’y échapperez pas !) ratissera tout le reste avec son air de ne pas y toucher.
Du côté des filles, c'est pareil, la divine Kajol , Rania Mukerjee et Kareena Kapoor, autant dire un concours de Miss Monde à elles seules, avec, en prime Jaya Bachchan en personne aux côtés de son Amitabh de mari.
On débute avec un lourd flashback entre danses, romances et larmes de crocodiles comme seul Bollywood en a le secret, occasion de présenter les personnages principaux, mais surtout leur garde-robe très eighties.
Ralph Lauren, Gap, Lacoste, la liste pourrait remplir un petit annuaire et c’est un défilé de mode permanent.
La palme à Kapoor et Roshan, omniprésents dans la seconde partie du film, l’une dans des tenues ultra-légères, l’autre flambant cuir.
On s’interroge également sur le budget coiffure du film, probablement élevé, au vu des brushings nucléaires concoctés pour l’occasion. A ce petit jeu, c’est Shah Rukh Khan qui , comme d’habitude, l’emporte haut la main, puisqu’à l’instar de célèbres couche-culottes, même mouillés, ses cheveux restent secs.
La troisième heure du film est nerveuse, ça saute dans tous les sens, et avec le sourire.
Les figurants made in Benetton donnent de leurs personnes, habillés façon Arlequin. Mais, que voulez-vous, les universités anglaises ne sont plus ce qu’elles étaient, ou bien Karan Johar n’y connaît rien, je vous laisse seuls juges…
La mise en scène est « too much », exagérée au possible avec ralentis de fort mauvais goûts et murs de ventilateurs hors-champ. Ca tombe bien le jeu des protagonistes est ad-hoc.
Heureusement, « La famille indienne », c’est également très musical. Et ça, Bollywood sait faire et nous le prouve ici avec des morceaux titanesques (« Shava Shava », « Bole Chudiyan » entre autres) qui parsèment le film comme autant de monstrueuses pépites sonores et qui sauront convaincre même les fans de death-metal les plus intransigeants.
Les chorégraphies sont magistrales, de quoi pousser Kamel Ouali au suicide. Une chose est certaine, après avoir vu Hritik Roshan se trémousser comme ça, vous ne regarderez plus jamais "Danse avec les stars" de la même façon.
Le réalisateur nous transporte de palais indiens en châteaux anglais en passant par les pyramides d’Egypte (!), rien que pour les besoins d’une chanson. Mais comment lui en vouloir quand c’est pour la bonne cause, et surtout si Kajol est dans le cadre.
Malgré un scénario pourtant famélique, Karan Johar, après l’effervescent « Kuch Kuch Hota Hai », remet le couvert et nous sert la même recette, mais avec un emballage autrement plus luxueux. Même si vous n'aimez pas Bollywood, ce film est une expérience à ne pas louper.
Avec pas moins de 9 oscars indiens en poche, et avoir cassé la baraque en 2001, "La Famille Indienne" est une grosse machine qui bouffe tout, vous écrase, vous prend en otage pendant 3h30 et vous laisse, (comme le suggère le titre indien), le sourire aux lèvres et les larmes au yeux.