Depuis le succès critique et commercial de Rushmore, Wes Anderson est perçu comme un jeune réalisateur pétri de talent. Logiquement, il est attendu au tournant et confirme avec, en 2002, The Royal Tenenbaums.
Doté d’un script pour le moins farfelu (tous les enfants de la famille sont des génies dans leur domaine), plein d’idées un peu folles et de répliques fortes, le long-métrage révèle davantage le talent de metteur en scène d’Anderson que son talent d’écriture. Il est inventif, intelligent et on note sa préférence pour deux types de plan : le plan statique (et symétrique) et le tracking shot (symétrique toujours).
Par ailleurs, il est clair qu’Anderson a fourni beaucoup d’efforts sur le côté esthétique du film : couleurs éclatantes et photographie lumineuse sont de sortie. Aidé par ces éléments, The Royal Tenenbaums est un film plein de vie malgré les diverses dépressions des personnages.
Néanmoins, j’ai trouvé les performances des comédiens de qualités variables : si Gene Hackman et Ben Stiller dominent la pellicule, Anjelica Huston est un peu en-deçà. Gwyneth Paltrow ne s’en sort pas trop mal mais derrière j’ai eu du mal à les trouver convaincants. Plus encore, un point m’a un peu frustré: il s’agit des émotions des personnages, parfois quasi-absentes. Une scène est révélatrice à ce titre: le passage de l’enterrement. Soucieux de conserver son style si particulier, Wes Anderson en oublie de conserver l’humanité de ses personnages. Cela n’arrive que sur de courtes séquences, certes, mais le rendu me semble imparfait.
Comme il en a pris l'habitude, Anderson ne nous livre pas un chef-d’oeuvre, mais certainement un film de qualité.