Un film d'animation Netflix, c'est rare alors on saute dessus, surtout après le sublime Klaus qui a su raviver notre âme d'enfant tout en proposant une 2D oubliée et travaillée. Du coup, quand l'adaptation du roman "Les Willoughby" par Lois Lowry déboule, on se dit que c'est l'occasion de découvrir une autre petite perle. Mais le long-métrage est réalisé par l'un des auteurs de Tempête de boulettes géantes 2, suite de bonne facture mais bien en deçà du génial film de Lord et Miller. Verdict : le résultat global laisse un goût amer dans le gosier...
Particulièrement coloré et allant vitesse grand V, La Famille Willoughby ne souffre d'aucun défaut technique, l'animation 3D aux airs de stop-motion étant maîtrisée (comme ce fut le cas pour Snoopy ou La Grande Aventure Lego) tandis que les doublages restent de qualité. Mais c'est surtout dans son scénario, son humour et le traitement accordé aux valeurs que le film souhaite inculquer que le bât blesse, faisant clairement chavirer le navire. En effet, on a clairement du mal à s'attacher à ces personnages pour la plupart à peine esquissés, vivant de trop nombreuses mésaventures sans réels liens, zigzaguant dans un scénario inconstant pour au final revenir au point de départ. Difficile de clairement expliquer sa faiblesse mais l'histoire peine à demeurer "crédible" dans sa diégèse.
Cette variante évidente des "Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire" n'arrive ainsi jamais à exalter, à émouvoir, à effrayer, alimentée par de trop nombreux rebondissements et un humour bas de gamme (hormis pour les premières répliques des jumeaux Barnabé, sous-exploités). Le film va dans tous les sens, alternant laborieusement entre péripéties sordides inspirées par Roald Dahl et Lemony Snicket et bref remake de Maman, j'ai raté l'avion, contenant bon nombre de situations et certains personnages clairement amoraux. De plus, beaucoup de passages du film souffrent d'aberrations dans sa propre diégèse ; son statut de film d'animation "pour enfants" n'excuse pas les innombrables écarts de genres laborieusement présentés.
Petit exemple : dans "Charlie et la Chocolaterie", on prend part aux évènements fantastiques impossibles dans la vraie vie en acceptant cette réalité, ce qui n'empêche pas le roman de rester constant dans la logique de ses évènements. Ici, on passe du "réaliste" à l'aberrant, du fantasque au fantastique, sans vrai lien ni cohérence. Cela parait exagéré mais la vision du film provoque une réelle gêne tout du long et au bout de 80 minutes, le film se termine avec cette fâcheuse impression que les réalisateurs se sont fatigués pour pas grand chose, racontant moult aventures pour maladroitement tenter d'expliquer que la famille c'est important et que c'est pas forcément grâce aux liens du sang mais un peu quand même.
Il manque ainsi une vraie folie (et pas juste des cascades et des grimaces), une continuité et un incontestable fil conducteur pour que le film soit vraiment plaisant, La Famille Willoughby étant avec surprise une déception de taille en dépit de beaucoup d'efforts pour essayer d'apprécier le film.