Premier long d'une critique (Axelle Ropert du Cercle de Canal+, passée chez les Inrocks), centré sur un homme très investi dans la communauté : au sens 'large' car il est maire, au sens restreint car la famille est sacrée pour lui. François Damiens interprète ce Simon Wolberg, provocateur, possessif, aux tendances despotiques. Envahissant, il affirme qu'on a le « droit de tout savoir les uns sur les autres » (pour mieux mettre sous pression ses ouailles). Lui-même viole son insupportable règle, en cachant son état de santé. Il n'a de cesse de répandre son paternalisme taquin, mais la morale a bon dos et l'idéalisme porte son ombre.


Damiens trouve un rôle à sa mesure et le voir déambuler dans ce costume est stimulant. Ses personnages comiques ont toujours été agressifs, quelque peu répugnants et suggérant un fond glauque ; ici on lui accorde une profondeur, pas celle d'un ange, mais d'un démon sensible, avec de bonnes dispositions. Il a les fantaisies micro-totalitaires d'un beau tyran, les défauts dangereux d'un père ou d'un directeur abusif conduit par l'émotion, poussé à la mauvaise foi lorsque par hasard il doit répondre à ses inférieurs. Cet homme n'a pas l'habitude de rendre des comptes. En filigrane se révèle un fond haineux, envieux (c'est parfois tourné au grotesque, avec des éructations comme celle sur les blonds) ; à l'occasion, ses leçons masquent des besoins bien plus concrets et personnels.


Le film touche ses limites lorsqu'il met en exergue la fascination pour son super-héros trop humain (et super-banal malgré tout). La façon dont on fond pour lui est suspecte, la sacralisation est bizarre, pleine mais tenant sur des béquilles et des déclarations. En ce sens c'est un cas typique d’œuvre où les volontés et les rêveries des auteurs s'affirment en négligeant les moyens d'expression, les relais réels. Imposer délicatement des vues ne peut réparer l'absence de preuves ou d'objets à la hauteur. De plus, lorsqu'il abat ses cartes en même temps que Simon, le film est désarmé, surtout pour se tailler une spécificité. L'humour en fais les frais aussi, son décalage (qui a sans doute orienté vers le choix de Damiens) n'ayant de cesse de marquer le pas. Le film se pousse tout seul vers la sortie, avec une espèce de dépit souriant ; où seront sauvées morale, apparences ; et bien-être de tous.


La 'rédemption' de circonstance (soit un apaisement général et un aveu de faiblesse par Simon) affadit le dernier tiers. La chaleur elle-même est embarrassée, bien qu'elle s'affiche. Ropert cherche manifestement à tromper les étiquettes, slaloomer entre les catégories, mais le résultat tend toujours au mélo théâtral, passant par des états plus ou moins sophistiqués. Les dialogues sont parfois très 'écrits' et les attitudes trop surveillées, mais cela fonctionne à l'écran – sauf peut-être pour le fils Benjamin, aux airs d'artifice figé plus que de personnage. Finalement Wolberg se résumerait presque à un Deux jours à tuer croisé comédie familiale penaude à la française, en plus précieux (et intelligent, mais ça c'est vite fait). Aimable sur le moment, il ne laissera pas grand chose, sinon quelques bouts éparses de 'vérités' existentielles.


https://zogarok.wordpress.com/2016/02/24/la-famille-wolberg/

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le 22 févr. 2016

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