Voici un premier long métrage porteur de très belles promesses, à la fois politiquement et socialement partial et pourtant joliment nuancé dans ses moindres détails.


Abdellatif Kechiche nous plonge dans le quotidien de Jallel, un sans-papiers tunisien fraîchement débarqué dans la capitale du pays des droits de l'Homme. Pour ce faire le cinéaste dépeint un monde fait de débrouillardise et de petits commerces, montrant son protagoniste comme une figure digne et sans complaisance aucune, affrontant une réalité lui permettant d'aller et venir par-delà les rues, immense prison de sa liberté provisoire.


Avant L'esquive et La Graine et le Mulet Abdel Kechiche démontre d'ores et déjà son redoutable talent de directeur d'acteurs : entre un Sami Bouajila superbe en SDF tenace et plein de principes, une Aure Atika impressionnante en jeune femme trouble et troublante et surtout une Elodie Bouchez renversante en amante passionnée et pleine d'aspérités le casting de La faute à Voltaire est un réjouissant tour de force ; on constate également la présence de comédiens fétiches, avec entre autres un Bruno Lochet jovial et truculent entouré de Carole Franck ou encore de Olivier Loustau... autant de continents d'émotions sublimés par la caméra vorace du cinéaste, filmant souvent à l'épaule pour mieux traduire l'urgence des situations.


En s'inscrivant volontairement dans une veine sociale La faute à Voltaire présente sans fioritures le monde tel qu'il devrait l'être : foyers, institutions psychiatriques, couloirs de métro propices à la petite semaine ou encore trafics en forme de mariages arrangés. Déjà le réalisateur étire ses séquences dans un processus proprement hypnotique, hallucinatoire presque... au risque de ne pas maîtriser parfaitement le rythme de son métrage, ce dernier n'échappant pas totalement à l'ennui dans ses moments en creux. Toutefois c'est bel et bien admirablement écrit et dirigé de la part du futur auteur de La vie d'Adèle. Un excellent premier film, charmant et terrible dans son dénouement. A voir absolument !

stebbins
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le 11 août 2018

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