⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

En 1942, le cinéaste Jacques Tourneur signait avec Cat People un véritable classique du fantastique, transformant une simple série B en merveille de suggestion et de mystère velouté. Quarante ans plus tard, Paul Schrader en proposait une variation pour le compte de Universal, sans toutefois recevoir les mêmes louanges.


N'en déplaise à ses détracteurs qui en attendait peut-être une copie conforme de l'original (ou tout simplement souhaitait qu'on laisse tranquille le film de Tourneur, ce que je peux aisément concevoir), Cat People version 1982 reste encore aujourd'hui une proposition franchement intéressante, que ce soit en terme d'image ou de dramaturgie.


Conscient qu'adapter tel quel le long-métrage de 1942 ne présenterait aucun intérêt et serait de toute façon un naufrage artistique (car comment en reproduire l'ambiance sans se vautrer dans les grandes largeurs ?), Paul Schrader préfère au contraire en conserver les grandes lignes pour mieux s'en éloigner, délaisser la suggestion au profit d'une approche volontairement démonstrative.


Le cinéaste prend ici à bras le corps son sujet, épousant totalement le parfum sulfureux d'une telle histoire, laissant le spectateur à mi-chemin entre le cauchemar éveillé et le rêve érotique. Là où Tourneur laissait planer le doute sur le caractère fantastique de son film, l'abordant comme une crise de couple tout ce qu'il y a de plus réelle, Schrader y fonce tête baissée, donnant à son remake des allures de conte cruel initiatique.


Traversé de visions oniriques de toute beauté, ménageant quelques moments de pure flippe (les séquences avec la panthère sont impressionnantes pour l'époque), Cat People est aussi et surtout un portrait de femme troublant au plus haut point, et une histoire d'amour aussi folle que carrément déviante. Une romance où l'amour et le sexe ne peuvent vivre sans le sang et la mort, où assumer pleinement ses désirs et ses pulsions ne peut qu'aboutir à la destruction ou à un abandon total envers l'autre.


Bien qu'accusant de sérieuses rides et traînant parfois la patte (sans mauvais jeu de mots), le Cat People de Paul Schrader reste une relecture troublante et fascinante, sensuelle et ultra-sexuée, compensant ses faiblesses par une poignée d'images marquantes, par le jusqu'auboutisme de sa démarche et par la présence magnétique d'une Nastassja Kinski à tomber.

Créée

le 12 juin 2016

Critique lue 1.2K fois

30 j'aime

4 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

30
4

D'autres avis sur La Féline

La Féline
Ugly
6

Sexual panther

En 1942, Jacques Tourneur réalisait Cat people, un film tout en ombres et suggestions presque gothiques où une femme incarnée par la Française Simone Simon sentait monter en elle une ancestrale...

Par

le 11 juin 2018

15 j'aime

2

La Féline
-Marc-
6

Les hommes préfèrent les panthères

Alors que Jacques Tourneur inventait l'art du suspens et distillait l'inquiétude par l'ambiance, les ombres et la suggestion sans montrer le danger, laissant au spectateur le soin d'imaginer en...

le 12 nov. 2018

12 j'aime

La Féline
AMCHI
5

Critique de La Féline par AMCHI

Ce que perd en mystère ce remake du film de Jacques Tourneur il le gagne en sensuaité et érotisme, ce qui sied bien au sujet. Le film est beau, la BO aussi (David Bowie a écrit une superbe chanson)...

le 4 août 2014

7 j'aime

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20