C'est une traduction quasi littérale de Young Man with a Horn, le titre original ; le distributeur français a préféré opter pour quelque chose qui excite davantage l'imagination, bon, mais le film raconte bien l'histoire d'un talentueux jeune trompettiste de jazz - la "femme aux chimères" faisant sûrement référence à celle dont il tombe amoureux (car elle a la classe et la beauté magnétique de Lauren Bacall) et qu'il épouse pour le meilleur et surtout pour le pire.
Il s'agit, en fait, d'un biopic qui ne dit pas son nom, puisque l'histoire de ce Ricky Martin est calquée sur la vie de Bix Beiderbecke, cornettiste (joueur de cornet à pistons, un cuivre qui ressemble beaucoup à la trompette) de jazz, compositeur et accessoirement pianiste, qui connut le succès dans les twenties et mourut prématurément en 1931, à 28 ans. J'avoue que, pour ma part, je n'en avais jusqu'à présent jamais entendu parler.
Quoi qu'il en soit, Young Man with a Horn est un bon film de Michael Curtiz, réalisateur dont je ne me souviens avoir vu que le célèbre Casablanca ; ça n'est donc peut-être que le deuxième film de lui que je vois. Le film est de 1950 et on sent bien que le réalisateur est un homme d'expérience (il avait, à cette date, plus de 60 ans) qui maîtrise parfaitement son art.
Quant à Kirk Douglas, Lauren Bacall et Doris Day, ils sont alors jeunes, au sommet de leur charme ou beauté et c'est assez déchirant, pour le spectateur qui découvre le film, car il les sait aujourd'hui soit très vieux et diminués (pour K. Douglas et D. Day), soit disparue (pour L. Bacall).
J'ai trouvé le script bien construit (depuis l'enfance de Rick et l'éveil de sa passion pour la musique, jusqu'à la pleine jeunesse et le plein épanouissement de son talent de trompettiste) et s'il ne nous épargne pas les difficultés existentielles du héros, il nous épargne du moins une fin tragique (celle de son modèle) et le pathos inévitablement engendré.
J'aime la musique, donc forcément j'ai aimé ce film qui nous raconte la vie d'un homme passionné de jazz et de musique en général. J'ai trouvé tous les personnages intéressants, bien portraiturés et bien mis en scène. C'est pour moi le point fort du film. J'ai remarqué, d'ailleurs, qu'on n'y croisait pas de personnage 100% mauvais : même la femme de Rick Martin (jouée de façon très convaincante par Lauren Bacall), pourtant jalouse de son don, son talent, sa célébrité, n'est pas 100% mauvaise, puisqu'elle vient, lorsqu'elle apprend qu'il est hospitalisé et dans une situation critique, tout de suite à son chevet, alors qu'ils s'étaient quittés en très mauvais termes.
Le script, la photographie, la bande son, l'interprétation : je n'ai pas de critique particulière à faire à aucun de ces niveaux : ça n'est pas génial, mais c'est bon. Et le film n'a pas trop vieilli.
Donc, une plutôt bonne surprise. Et même, je le reverrais bien une deuxième fois.