Ce qu’ils n’ont pas réalisé à l’époque, c’est que ce film est bien plus qu’une simple comédie destinée à attirer le grand public. Garbo excelle dans son rôle habituel, celui d’une instructrice de ski athlétique en montagne, qui trouve l’occasion idéale d’incarner son côté sombre de femme fatale face à un rédacteur en chef de magazine influent, riche et désireux d’apprendre à skier avec une séduisante tutrice privée. Dès le début, on voit bien qu’elle n’est pas intéressée. Passons aux choses sérieuses : ils se marient après quelques heures, bloqués dans la neige. Une fois arrivés à leur chalet et avec les problèmes au bureau à New York, l’euphorie de leur liaison commence déjà à s’estomper. La femme fatale ne le laissera pas s’en sortir aussi facilement, surtout lorsqu’il pense pouvoir lui donner des ordres. C’est une comédie noire, en avance sur son temps, où l’idée de partenariat trouve son parfait opposé à travers ces deux personnages.
Lorsque Larry met des semaines à revenir sur les pistes pour retrouver sa femme Karen, celle-ci décide de lui faire une surprise à New York et convainc sa secrétaire de ne rien dire à personne. Dans un retournement de situation miraculeux, hors de son équipement de ski et totalement glamour, Karen peut sans difficulté jouer le rôle de Catherine, sa sœur jumelle éloignée. C’est là l’une des plus belles prestations d’une femme qui ne boit pas, ne fume pas et ne flirte généralement pas, car elle est mariée à la montagne. Ou peut-être a-t-elle laissé derrière elle sa vie de jet-setteuse et de dîners de luxe à cause d’une mauvaise relation… et voilà qu’elle débarque à New York ! Cet entrelacement rend ce spectacle fascinant, surtout en 2024. N’oublions pas qu’il y a la version censurée et celle qui a dû être modifiée pour plaire aux prêtres. À revoir absolument et vu pour la première fois ce soir @cinemathequefr merci