Quelle garce tout de même, que cette Christabel (Joan Fontaine)! Prête à tout, quitte à user de moyens machiavéliques, elle cherchera à éliminer tout ceux et celles qui se présenteront sur son chemin comme des obstacles pour accéder à ses fins et assouvir son narcissisme.
La scène où Donna (Joan Leslie, la "gentille") trébuche sur la valise de la nouvelle arrivée Christabel (la "méchante") apparaît comme un mauvais augure. En effet, sans le savoir, elle fera pénétrer au sein de son ménage si serein celle qui sous ces fausses apparences de jeune femme simple (la scène où elle se touche le foulard - objet qui la cache, la voile, la farde - la présente d'emblée comme double) deviendra sa rivale. S'en suit une intrigue plutôt convenue, digne d'un mélo ou d'un feuilleton télé pour ménagère de moins de 50 ans, sans grand relief, si ce n'est la soif intarissable de pouvoir et de reconnaissance de la protagoniste, véritable harpie sans scrupules qui en vient même parfois à surprendre le spectateur.
Reconnaissons aussi l'humour noir qui se glisse dans les répliques, venant rehausser le goût des dialogues (et insuffler un rythme vital à un film qui serait certainement mort sans cela) principalement dans ceux de l'écrivain Nick (Robert Ryan), parvenant souvent à nous faire sourire - voire plus. Puis, hélas, guère plus, le seul véritable suspens consistant à découvrir le stratagème mis en place par la protagoniste plus que le résultat bien trop prévisible.