Si d'aventure, le cinéma français s'en est repait, c'est bien une fraichement nouvelle, et j'espére ne pas m'abuser que François Truffaut à la réalisation et Delerue à la composition musicale nous raconte ici.
L'histoire de ce tableau dans lequel nous fait plonger Truffaut à travers son personnage Odile Jouve qui rompt le quatriéme mur, dans ces types d'expérimentations qui marque l'oeuvre du réalisateur et qui ne rappel pas sans un dernier relief (à la fin du film) les tentatives nouvelles du cinéma de cette époque.
On notera le retrait et la présence en fond de ce personnage finement choisit, à travers sa propriété qui rappel sans cesse le retour à la campagne de la petite bourgeoisie intellectuelle de la fin du 20éme siécle, ainsi que sa présence intérieur décisive qui marquera distinctement nos deux amoureux maladifs.
C'est une réussite, autant dans la mise en scéne des acteurs qui se renvoit l'image et la balle (c'est peu de le dire), un Depardieu trés bien choisit, aprés l'avoir vu jouer dans toute sorte d'aventure ou on le voyait représenter l'homme avec un petit h, mais l'homme original et non pas d'origine, ici le voit-on pris ou épris d'une imbécilité heureuse, enfantine qui n'est pas dans la fanfaronnade et dans la réplique cinglante mais dans la fragilité face à l'inconnu, personnage trés bien interprété qui ne pouvait que mieux projeter (en tentant d'inverser certains stéréotypes emotionnelles de genre) un reflet d'ombre glacé sur les facettes de la profondeur tourmentés d'une Fanny Ardant à bout de souffle (chaque mot tentant de mourir vers le haut à la fin de ses dialogues, on pourrait dire que la tentative est plus ou moins réussit selon les scénes) mais ne s'arrétant qu'en marquant d'elle méme par son choix (un choix ? c'est une question qu'il est trop tard de se poser une fois la non-expérience accomplit) terrible la fin du film.
Point d'ombre sur cette croute, on ne saurait dire si la premiére partie qui compose le premier triptique (qui est rappelé à un moment : "l'amour il y a un début, un milieux, et une fin" réplique de Mathilde interprété par Ardant, citant Bernard le personnage de Depardieu ) est réellement utile comme parvient à le faire Hitchcock dans ses plus grandes oeuvres, ou chaque minutes est un prétexte pour nous saisir, faire monter une tension fiévreuse et une inquiétude enquétrice, que Truffaut n'arrivera à reproduire que bien plus tard dans son oeuvre, ou bien si elle ne prend finalement son sens que dans le troisiéme volet qui nous fait décoller sans arriver à nous faire oublier la lenteur qui le précédait, aprés l'annonce terrible, les décors et la caméra. (fondu en rond, décors exotiques, typique des films d'aventures de l'époque : tentative de Truffaut de mélanger les genre (il le refera avec le plan sur les jambes de Mathilde, et par une réalisation qui se sent en arriére plan à chaque instant de cette partie).
Finalement Truffaut signe une romance dramatique à multiple entrées mais qui ne nous perd pas pour autant. Chaque porte, même si elles paraissent trés lisses au début, et c'est ce qui donnera tout de méme de la force à l'écriture progressive de Truffaut qui marque encore une fois le cinéma français et ses stéréotypes, sera une belle occasion de plus, lancée aux spectateurs avertit pour glisser dans la peau fendu du couple, surtout dans la complexité de Mathilde (on se referrera à ses robes, apparat de genres, qu'elle déchire, mais sans faire exprés tout comme la maladie à pu la libérer mais sans vraiment le vouloir. La profondeur de son personnage réside aussi dans l'impossibilité d'étre et de faire dans cette situation. Complexité que l'on retrouve chez Bernard mais différement), mais aussi dans un attachement affectif aux personnages. (On ne peut pas s'empécher de l'apprécier cet adorable Depardieu)


Il faudra aussi noter toute l'importance et la saisie minutieuse que ce monsieur porte dans ce film en mettant en avant le personnage que joue Ardant et sa féminité qui n'a d'ore que son émancipation, qu'elle ne trouvera malheureusement réellement que dans la maladie (on pourrait s'interroger sur cela, mais il est assez évident que l'expérience de la mort qu'elle s'inflige en tuant Bernard n'est qu'une facette de sa maladie), comme le rappel son thérapeute disant au mari de Mathilde qu'elle préféra choisir de rester malade.
Une tension difficile à montrer sans tomber dans les méprises de la psychophobie qui ne semble pas étre de la partie ici (à part dans la maniére dont elle est critiqué (subtilement tout de méme), à travers par exemple le relachement qu'a Bernard à parler des électrochocs qu'elle aurait du subir ou bien en ne l'écoutant qu'a moitié lors de ses répliques et de ses citations inspirées, dans son lit d'hopital).
Une maladie qui, il me semble est trés bien retranscrit, autant dans la scéne de malaise sur le court de tennis, digne d'une enfant et d'une adulte déchiré, que dans son dialogue mémorable avec son psychiatre, tombant totalement dans le cliché mais tellement bien placé au vu de la situation qu'elle endure.
Une tentative d'expliquer certain schéme oppressif qui est, il me semble pour l'époque trés réfléchit de la part d'un homme décrivant une femme sujette à la maladie mentale.
On n'est nie dans le niais (la maladie d'amour), ni dans le trop plein (la folie purement passionnelle), mais dans un juste milieux ou s'équilibre l'amour incontrolé et la constitution psychologique d'un personnage trop vite rongé par les circonstances des sentiments poussant à la vie, toujours plus de vie... On l'a voit par ailleurs s'écrouler plusieurs fois avant d'allez à l'hopital, maniére de montrer que ses sentiments sont exacerbé au point d'en étre pathologique, maladif : qui ne supporte plus en son sein la vie, qui est incompatible avec le vécu totalement contingent (on ne le saura jamais vraiment, le trait est grossit pour montrer l'aspect pathétique de la vie) de nos personnages.


Un tableau décrivant l'amour, avec ce petit a qui n'a pas la taille de contenir, ce qu'un film comme celui que Truffaut peut nous dépeindre.
Si le ton est élogieux, c'est que le film parle, il ne parle pas de lui même (quoique) mais il parle aux personnes qui auront pu vivre certaines similitudes d'avec ce couple terrible, tombé dans les méandres d'une toile mensongére et d'un amour qui s'interdit.

StanislasBernar
8
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le 18 juin 2018

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