"La Femme d'à côté" apparaît d'abord comme l'ultime manifeste truffaldien sur la passion amoureuse, et sa fatalité, puisque le monde raisonnable, le "réel", le condamne irrémédiablement. Truffaut y confronte l'amour fou au quotidien, sans doute pour en démontrer la radicale incompatibilité : c'est du coup l'un de ses films les plus noirs, un tragique chaud-froid passionnel. Mais c'est aussi un film réellement "virtuose", derrière les apparences d'un cinéma français "traditionnel", plein de ces petites inventions scénaristiques qui font la différence avec le tout-venant. Depardieu y est immense, même si l'on peut avoir une préférence pour le beau personnage de la narratrice, à la fois distancié et romanesque, qui porte elle-même les stigmates de la passion destructrice. Voici donc un exemple exceptionnel de "cinéma du milieu" fin et bouleversant... aujourd'hui plus ou moins disparu ? [Critique écrite en 1981 et 1984, remise en forme en 2017]