L'Amère de là-bas
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le 27 mai 2019
Troisième découvert d'Hideo Suzuki après sa comédie sur les salary men Cadre de troisième classe 2 et le policier documentaire Assassin présumé pour un drame qui pourrait un peu être une synthèse des deux : le monde du travail en entreprise pour une approche réaliste (avec beaucoup de séquences en extérieurs ou de vrais décors) qui refuse les facilités du mélodrame. Le film fait cependant fortement penser à Black car test de Masumura, en moins véhément et virulent mais plus féministe et mélancolique.
C'est surtout une excellent surprise avec un scope élégant, souligné par une belle photographie et une gamme chromatique réfléchie, avec peu de couleurs chatoyantes et saturées pour des teintes sombres ou ternes. De quoi être en adéquation avec le contenu, de touchants portraits de femmes qui doivent faire constamment leur preuve dans le milieu de l'entreprise : parce que ce sont des femmes dans un monde masculin, parce qu'elles doivent justifier leur envie d'indépendance et parce que les hommes continuent de les manipuler, soit pour s'attribuer leur mérites, soit pour sous-tirer des informations.
Malgré quelques rares dialogues trop explicatifs (évoqués pratiquement en regard caméra), l'écriture repose sur beaucoup de non dits sur le passif des héroïnes ou leurs aspirations. On peut imaginer que la froideur de l'une d'elle provient de la carapace qu'elle a dû se forger à force d'être déçue par les hommes... A moins qu'elle ne se la soit construite pour avoir trop privilégiée son travail, la décrédibilisant comme épouse potentielle. On les sent déchirées entre les traditions machistes et l'envie d'émancipation qui naît avec les bouleversements économiques pour une équation qu'elles ont du mal à résoudre. Surtout quand l'homme dont on tombe amoureuse est d'une compagnie rivale et qu'on ne sait pas si ses avances sont sincères ou un calcul.
Le film en devient de plus en plus poignant et vibrant avec un réel art pour la direction d'acteur et le refus du sentimentalisme facile. La dernière demi-heure pourrait être du Naruse à ce titre. Ce qui veut tout dire !
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le 30 janv. 2019
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