La Femme de Tchaïkovski est un film russe réalisé par Kirill Serebrennikov, sorti en Russie en 2022 mais interdit de diffusion. Sa sortie en France a eu lieu en février 2023. Le film a été présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2022.


Présentation


Le film commence lors des obsèques de Piotr Ilyitch Tchaïkovski, mort du choléra à St. Pétersbourg en octobre 1893 à l’âge de 53 ans. Sa femme, Antonina Milioukova, dont il s’est séparé quelques mois seulement après leur mariage, veut y assister mais elle n’est pas la bienvenue.


Antonina était élève au conservatoire où enseignait Tchaikovski. Après qu’elle lui a écrit une lettre enflammée pour lui proposer de l’épouser, le compositeur se rend chez elle et lui oppose un refus catégorique. Devant son insistance et lui ayant expliqué à demi-mots qu’il est homosexuel et que leur relations ne pourront être que platoniques, Tchaïkovski épouse Antonina en 1877. Il reprendra sa liberté au bout de quelques mois seulement, lui consentant une pension des plus modestes, tout en lui proposant le divorce. Mais Antonina refuse toutes les propositions qui lui sont faites. S’ensuit une relation toxique avec son avocat, Chlykov, qui lui fait trois enfants qui seront placés dans un orphelinat.


Les dernières scènes nous la montrent perdant pied, en écho à ses 20 dernières années passées dans un hôpital psychiatrique.


Mon opinion


Deux mots me viennent immédiatement à l’esprit pour qualifier ce film : crépusculaire et sordide. Crépusculaire, car le cinéaste s’ingénie à filmer dans une semi-obscurité, que ce soit à l’intérieur (scènes en contrejour ou chichement éclairé par des bougies ou des lampes à pétrole) ou à l’extérieur, soit c’est la nuit, soit on est dans le brouillard (ou la fumée, on ne sait). Même les scènes censées se dérouler au printemps (on le sait parce qu’il y a des cerises sur la table) sont sombres et tristes. Sordide pour ces scènes répétitives où Antonina de met à genoux dans la boue pour prier à l’extérieur d’une église ou d’un couvent parmi les miséreux et les dégénérés, l’agression qu’elle subit de la part d’une folle, le défilé d’éphèbes nus qui lui sont présentés comme des quartiers de viande, celle où l’amant mourant se masturbe en crachant ses poumons… On cherche sans les trouver les beaux moments qui existent, même dans les destins les plus terribles. Tout est glauque et funèbre. On aurait au moins aimé entendre de la belle musique. Que nenni ! Ce que l’on entend est à l’unisson du reste du film, dysharmonique et funèbre. J’emprunterai ma conclusion à l’une des critiques de spectateurs que j’ai lues : « Le fait qu'un artiste s'oppose à Poutine au point d'être assigné à résidence dans un premier temps et de devoir finalement s'exiler entraine-t-il l'obligation de couvrir de louanges tout ce qu'il produit ? Personnellement, je ne le pense pas (…) J’avais beaucoup aimé "Le disciple", sorti en 2016, premier film de Kirill Serebrennikov à sortir dans notre pays. Deux ans plus tard, "Leto", en compétition à Cannes en 2018, m'était sorti par les yeux, ne serait-ce que par son manque d'inventivité et la médiocrité de sa musique. J'avoue humblement avoir fait l'impasse sur "La fièvre de Petrov", 2021, de nouveau en compétition cannoise. Et voici maintenant "La femme de Tchaïkovsky", une fois de plus en compétition lors du dernier Festival de Cannes. Concernant ce film, je serai bref : c'est un film dans lequel l'emphase le dispute à la prétention ! » [Critique publié par Velocio sur le site d’Allociné le 13 février 2023].

Roland_Comte
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le 19 févr. 2023

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Roland Comte

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