L'érotomanie est un trouble psychologique délirant qui se caractérise par la conviction chez un individu qu'il est aimé par un autre. Elle prend une forme obsédante qui se fixe généralement sur un individu au départ inconnu, voire une personnalité publique. Cette conviction se traduit chez l'érotomane par une forme de harcèlement pour provoquer la rencontre et faire avouer l'autre sur ses prétendus sentiments. Si cet amour fictif n'est pas déclaré, la personne érotomane peut céder à la dépression, puis à la rancune et à l'agressivité. Ce trouble touche très majoritairement les femmes.

Dixit Wikipédia

Cet avant-propos est la trame, et du scénario et du personnage principal. Mais seulement une trame générale, suivie à la lettre, sans aucun questionnement, aucune réflexion, aucun intérêt ni compassion. Le personnage est monolithique, ne changera pas, ne se remettra pas en question, n’aura aucun impact sur les personnages secondaires, si ce n’est l’expression d’un vague ennui qui finit par gagner le spectateur.

Le seul basculement de ce scénario est une scène grand-guignolesque où l’immeuble, où elle habite, prend feu (un opportuniste deus ex machina). Et que fait-elle, accrochée à des draps dont elle a fait une corde, dans les bras d’un pompier, elle crie qu’elle veut remonter pour récupérer son alliance. Ce qui voudrait dire qu’elle enlève cette alliance pour dormir alors que le réalisateur a insisté lourdement sur son attachement obsessionnel à cette alliance qu’elle montre avec ostentation comme preuve des sentiments de Tchaikovsky.

À cette histoire se greffe le personnage de Tchaikovsky, traité de manière secondaire comme un homme sans scrupules et désargenté qui épouse, en toutes connaissances de cause, une personne souffrant d’érotomanie, pour dix mille roubles et pour vaguement détourner l’attention sur son homosexualité vaguement latente.  À ce sujet, pour pimenter le film, (car qui dit érotomanie, dit sexe pour les cerveaux limités), on ne montrera bien entendu pas Tchaikovsky, tout nu en train de se faire un mec. Non on montrera le personnage féminin tout de noir vêtu comme une veuve éplorée entourée de beaux mâles entièrement nus mais ne bandant pas, marchant sur les mains pour la séduire. (Autre scène grand-guignolesque). On la montrera également les jambes écartées face à son amant qui se masturbe en train de mourir. Amant qui n’hésite pas à lui mettre des grandes baffes car que serait un bon film sans une femme battue. Mais pas par Tchaikovsky en personne · les génies sont des héros intouchables.

En résumé ce film est grotesque, ennuyeux, paresseux, insultant, noyé dans une couleur verdâtre avec éclairage du visage de l’actrice vue dans haut (oh la la, quel effet original de mise en scène).

Je ne sais pas si Kirill Serebrennikov a voulu, à travers ce film, rendre compte, à contrario, de l’âme slave, de sa profondeur, de sa force et de sa compassion mais, dans ce film elle se résume à la dernière séquence où défile l’épitaphe du personnage principal, c’est-à-dire la date et le lieu de sa mort. Et quel lieu ? Un hôpital psychiatrique. Quel retournement de situation, on ne s’en serait pas douté.

domlap
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le 15 juin 2022

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